Berceau. Le temps des voiles qui dansent, d’un seul petit vent et ce jour, la première fois que j’ouvre les yeux, le premier, le tout premier souvenir. C’est une lumière, à la comparer à d’autres lumières vécues ensuite, qui laisse en moi une identique impression que celles d’un après-midi d’été. La chambre, je ne sais où, le ciel je ne sais où mais les voiles dessus ma tête qui adoucissent déjà le soleil et m’enferment dans une bulle opaque
Et soudain un vol noir qui tourne autour au –dessus, à droite ou à gauche, partout, un vol qui oblige mon regard à le suivre, à m’y accrocher…Je me souviens si précisément de cet instant. Ainsi la vie a-t-elle choisi une mouche simple pour ouvrir ma mémoire, pour en faire la clé du coffre où je mettrais tout ce que j’allais lui « voler », de tout ce qui allait m’interroger ensuite. Un vol noir, agité fugace indécis. Et le bruit d’un insecte qui ne cessera jamais de réclamer de mon esprit une attention impuissante.