droit devant
dimanche 15 février 2015, par
Est-ce que je vis plus de dire que j’existe ? Est-ce que de prononcer, d’articuler, avec cette minutie du souffle quand il en revient à son dieu, d’échafauder de lettres, d’un alphabet de gorge, mon simple nom, j’existerais ? Est-ce que j’existerais plus ? Ou mieux, ou avec plus de vérité parce que je me serais mise soudain à faire de l’air l’écho de mon propre vent ? Je provoque le vide d’où il est possible que je vienne et où il est naturel que je doive retourner. Je me tiens devant le gueuloir, la bouche d’un quasar, le soupirail d’un trou noir et là avec cette sorte d’arrogance des gens qui jettent sans cesse des défis à l’absurde au nom de leur propre existence, je dépèce les sons de mon nom. Je le redis parce que je n’en ai jamais assez de l’affirmer et que j’espère, là-bas dans l’innommable, un agacement assez fort pour me quittancer de mon effort et de ma plainte.
On peut se dire écrivant. On peut se dire chantant. Cela ne nous définit que par l’arrière. Distinguo du magma général. Ou faut-il simplement écrire et fixer le grand vide droit entre les lèvres… sarbacane mitrailleuse.
sarbacane
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Messages
1. droit devant, 15 février 2015, 10:13, par Dominique Hasselmann
Hier soir, à Paris, je suis passé rue de Jouy (4ème).
2. droit devant, 15 février 2015, 10:20, par Anna Jouy
oui je vois où elle est car je l’ai photographiée il y a deux ans dans une visite à Paris...
3. droit devant, 15 février 2015, 10:56
De l ’ agitprop poétique qui réveille, merci.
4. droit devant, 20 février 2015, 20:27, par cjeanney
Oui, fixer le grand vide
(et le faire avant lui, il nous fixera bien assez vite et bien assez longtemps, lui)
Et ensuite peu importe :-)
(sauf tes mots, justes, au sens de notes, son et hauteur, justes, accord)