Journal poétique / www.jouyanna.ch

droit devant

dimanche 15 février 2015, par Anna Jouy

Est-ce que je vis plus de dire que j’existe ? Est-ce que de prononcer, d’articuler, avec cette minutie du souffle quand il en revient à son dieu, d’échafauder de lettres, d’un alphabet de gorge, mon simple nom, j’existerais ? Est-ce que j’existerais plus ? Ou mieux, ou avec plus de vérité parce que je me serais mise soudain à faire de l’air l’écho de mon propre vent ? Je provoque le vide d’où il est possible que je vienne et où il est naturel que je doive retourner. Je me tiens devant le gueuloir, la bouche d’un quasar, le soupirail d’un trou noir et là avec cette sorte d’arrogance des gens qui jettent sans cesse des défis à l’absurde au nom de leur propre existence, je dépèce les sons de mon nom. Je le redis parce que je n’en ai jamais assez de l’affirmer et que j’espère, là-bas dans l’innommable, un agacement assez fort pour me quittancer de mon effort et de ma plainte.

On peut se dire écrivant. On peut se dire chantant. Cela ne nous définit que par l’arrière. Distinguo du magma général. Ou faut-il simplement écrire et fixer le grand vide droit entre les lèvres… sarbacane mitrailleuse.


sarbacane
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