Journal poétique / www.jouyanna.ch

La nuit est un parfum. Je le sens, une humeur...

jeudi 26 mars 2015, par Anna Jouy

La nuit est un parfum. Je le sens, une humeur mauve qui se propage. Je la regarde s’infiltrer dans le jour poreux. Sous le derme du ciel, un hématome peut-être qui inonde. Et cette sensation révoltante que c’est inexorable, qu’il n’y a rien pour éponger... Regarder, me dire que je vais savoir l’instant où ce n’est plus du tout le jour et vraiment la nuit. Mais chaque soir, ça m’échappe et se fait en cachette, quand je baisse les yeux. Je ne dois pas savoir, je ne dois pas connaître ; on ne peut enrayer la route de la Terre, contrer la nuit....
Me mettre alors en devoir d’écrire. Je sais qu’il ne faut pas réfléchir là non plus, qu’il faut le faire vite, empressée. Ne pas donner à l’esprit le temps de la question mais ajuster simplement le tempo des doigts qui frappent et tapent et ouvrent la bonde au fluide saccadé du texte. Faire claquer ainsi les castagnettes du clavier, marquer la mélodie. La pensée alors ne lâche plus ; elle s’agrippe à ces nouées de draps. Elle s’évade de la prison, elle suit la corde ou les nattes de cheveux. Elle file, sans répit, sans douter un instant. Les mots s’enchaînent et se dévident parce que ça va vite, que ça va furieusement et que rien ne les stoppe ou les empêche : Ils sont là , je ne regarde même pas les touches. Ma pensée longe comme ça les canaux des mains et soudain sur l’écran les choses merveilleuses de la liberté de dire et d’écrire avec de la nuit sous les doigts

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