Journal poétique / www.jouyanna.ch

épistéolienne

dimanche 27 septembre 2015, par Anna Jouy

M’éloigne du centre, du cœur de la maison. Pour éviter cette sorte de puits qui dévore, qui m’attire et fascine. Les dessous de maison, secrets fort bien veillés. Pour t’écrire de l’orée d’une forêt bruyante. C’est un temps bien bizarre. Je ne sais pas ce que sera l’heure suivante. Bleue ou brouillard.
Là-haut, les cimes grattent à la porte de la pluie. Et j’aime ne plus m’entendre. Que ça rumine ailleurs !
Il va falloir encore que je presse mes mots, que j’enveloppe que je timbre que j’expédie. Une urgence lancinante. J’ai peur que des arbres ne me mangent et se vengent, de leurs filles, ces feuilles, spectres sales sans souffle, bégayant sous les doigts. Je rédige des ordonnances. Quelque chose d’illisible parce qu’il manquera toujours les ellipses de la pensée, ces coutures invisibles et qui sont mon unique cohérence.
Je t’écris au fond, du vacarme idéal ! Ça parle bien mieux que moi de la furie qui m’habite, de la galaxie entière de mes colères. J’en ai des systèmes entiers, autant que des révolutions crois-moi. Tout le monde sait comprendre la violence parfaite du bois quand arrive l’hiver ?
Je t’écris, de là où ma voix dissoute, recouverte de saillies de vent, fait depuis la bouche son petit encens. Et vois-tu, je nappe pour toi ma parole pour ton repas nomade, de la poudre sur les mots. Essaie de déchiffrer la buée de ma fièvre dans le froid du monde.
Je me hâte. Il va fort pleuvoir ou brûler aussitôt que je me tairai.

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