Journal poétique / www.jouyanna.ch

colère

dimanche 22 novembre 2015, par Anna Jouy

Revenir, chacun essaie de le faire. Mais le corps même semble génétiquement modifié. On se retrouve mais plus pareil, autre, constellé d’idées dures. Il s’agit de trier ses invendus, les pierres des lentilles. J’ai la vie bouchée par quelques cailloux. Un rhumatisme accroché à mon être. Artères barrées, le souvenir enfle les parois du ballon d’amour. Percer ou sauter ? Je n’ai pas l’intention de laisser ces morceaux durs, des amalgames, des lambeaux entasser pour moi le souffle dans des goulets. Je cherche à respirer, à élargir très grand mon thorax Cette respiration raccourcie use mes côtes et fabrique des brûlures. Le plexus saigne, incendie le soleil lui-même. Je porte un astre consumé général, une flaque de sang pochée entre les seins. Cela fait mal, c’est d’acide qu’est faite ma parole. L’acide des pollués, l’acide des ondes mises à rouir, comme si tout ce qui restait ainsi accroché à ma peau n’était que la lie charogne de la peur et de l’effroi. J’ai au milieu de moi une forme majeure de l’épouvante. Une forme excessive de l’inquiétude, une profusion d’égout. Le monde que je suis prolifère d’une tumeur de mal, je suis inoculée, viandée désormais. Et ce sac incrusté sous ma chair, ce gousset de merde qui frotte et assaisonne mon âme, je le dois à ce fiel noir des doctrines de l’ignorance. Mon corps porte le stigmate des horreurs. Désormais je suis déjà sale car parfois je maudis ces manipulateurs, leur violence. Car je suis contrainte comme pour me défendre d’éructer de la colère, de la haine aussi. Comment pourrais-je ne pas être engloutie si je garde le silence. Une guerre est en train de naitre en mon cœur. Et mon île tendre est déjà vaincue atteinte, blessée et corrompue. Vais-je devoir me haïr, si loin de moi-même ?


Colère noire, Corentin Ribot

ce n’est pas que la société qui est ébranlée, pas que les pays, les cités. nous sommes tous, dans notre fonctionnement, dans notre intégrité, en notre intériorité, en notre âme pourquoi ne pas le dire, dans notre humanité, atteints violentés... chaque être est inévitablement ébréché, morcelé, brisé du mal qui retentit.
de même qu’il se soude de fraternité

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Messages

  • Dur comme pierre.. Il faut aussi se rigidifier à la lecture de votre texte, se blinder pour ne pas laisser s’épancher les émotions .. Il y a tellement à panser en soi..

  • Merci de cette tempête
    par ici on nous dira que
    le vin est bon bien sur à cause du soleil
    mais aussi grâce au mistral
    ce vent froid contre lequel parfois
    il est vain d’essayer de marcher
    de conserver sa petite chaleur au corps.
    Votre tempête a ces qualités là
    en même temps qu’elle dérange, qu’elle meurtrit même
    qu’elle met à nu tout ce qu’en temps généreux
    nous parvenons à taire de laid en nous.

    lorsque le vent sera tombé
    (- par ici on dit qu’il faut 3, 6 ou 9 jours -
    quelqu’un passe ensuite pour dire que c’est faux
    sans comprendre de quoi on parle quand on donne ces durées)

    bientôt la colère sera tombée
    c’est alors qu’il faudra montrer
    que tout cela n’est pas
    que du vent.

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