mon pays de citernes
dimanche 13 mars 2016, par
Les oiseaux nagent sur le dos de ton champ. Ils font des trouées, invisibles peut-être pour d’autres mais toi tu vois leurs traînées poudreuses sur l’image. Ce sont les perceurs de coffre-fort de la lumière. À l’instant de leur passage, mieux vaut ne pas pointer le nez en l’air. On y manquerait se noyer dans un filet de vide. Corneilles et passereaux, c’est un métier qu’on n’apprend pas sur le tas ! Tu as beau claquer des mains, applaudir à tout rompre, tu n’as pas encore d’ailes pour autant de ton application.
Les poissons eux aussi cisaillent l’eau. Tranchées muettes dans les fioles du silence. Regarder à deux fois avant de faire voile.
Écailles ou ailes, il ne pousse rien qui vaille ces élégances et ces possibles. On ne fait qu’inventer des scaphandres et des fusées. Jaloux.
Et des quatre éléments de cette vie, tu songes que c’est bien du feu qu’on vient et de lui qu’on raye sans fin cette mort au distributeur, croyant ne laisser aucune empreinte. Assassins d’escarbilles et d’étincelles.
Les poissons ou les oiseaux ? C’est tout le choix qu’il y a. Entre deux, être humain est voué à ployer les genoux, à casser le chemin à la rotule.
Se tirer à la rampe, c’est inscrit : ce pays de montagnes en veut à ses nuées. Comme ailleurs, on cherche à traverser des déserts, à abattre des forêts ou à dompter la mer, ici on veut vaincre l’altitude, avec des souliers à crampons et un piolet aux dents longues. La vie est un alpinisme premier. Il faut monter et pouvoir un instant, ne serait-ce qu’un instant cueillir l’edelweiss du vertige. Les hommes ont rendez-vous avec l’alpe à chaque cérémonie de la vie. Et toi, le matin, tu envisages la montagne d’exister en grimpant les étages.
Messages
1. mon pays de citernes, 13 mars 2016, 11:50, par aunryz
C’est vrai
on ne peut pas voler comme l’oiseau
ni nager tel un poisson
et pourtant
le texte lui-même nous procure ces sensations ... au passage
court passage mais
tout de même
c’était là.
Le mot
ces mots
réparent
pour un temps
ce que la nature à omis de nous donner
où que nous avons perdu ... peut-être