Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 538

mardi 12 avril 2016, par Anna Jouy

se rendre à l’évidence
le corps n’est plus un paysage mais la serrure d’un intérieur obscur
je froisse l’océan qui dort sous ma peau et il devient aussitôt le porteur d’os des songes
je romps mes phalanges de sable et déjà s’effilent les cocotiers des îles, graines de liberté
le corps en soulève les passes, le gué traverse toujours l’autre
il se plie, carte routière dans la boîte à gants et conserve dedans les veines du voyage, les douanes rouges du sang et les cheveux fins des routes buissonnières.
un paysage plat repassé de traits.
on ne rêve pas à grande échelle, mais les pour miles de la distance m’éloignent dans des zones sans cité.
sur ma peau ne restent que des noms et des lieux-dits, le corps n’est plus paysage

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Messages

  • Rêve de papier, corps origamique déplié à plat, fiction cellulosique imprimée d’un anachronisme coincé en marque-page dans les plis de « l’accordéon » du grand livre de chair universel, inspirant, expirant. Ainsi le chemin d’hier est un sens pour les faiseurs d’histoire trempés, soupeurs à la saumure et cartographes aveugles du demain, ce lot commun en baves d’imprimeurs à l’encre rétrograde des becs de poulpes et leur porte-voix de rameute. Et ainsi dans la fumée de l’encre des noyés que l’on traîne se trace la carte et une route aveugle et frissonnante à coups de tentacules caressantes, sillage en ventouse des corps amoureux. C’est l’espoir d’un paysage dans tes yeux debout dans les abysses.

  • s’accrocher au signe de vie
    au regard.

    [Résister au siège ?
    (je pense à fort Alamo ... sans la triste fin)
    ne jamais se rendre à l’évidence ]

  • Quels maléfices, quelles imprécations, ont pu anéantir cette anatomie de chair vivante, sensible en tous ses reliefs, ses couloirs et recoins souterrains, ses rivières nocturnes, ses vibrations, ses chants ?
    Quel rouleau compresseur de malheur a pu désertifier cet univers de vies multiples, l’imprimer d’une géographie de papier ?
    Fermer les grilles au diable, ouvrir les vannes, et laisser faire les petits ouvriers de l’âme qui veillent et travaillent sans repos, s’en remettre à eux, en confiance, jusqu’à l’accomplissement, la renaissance d’un corps qui résiste, ressent, se meut ,se reconnaît.

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