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..souvenirs

dimanche 29 mai 2016, par Anna Jouy

La forêt, c’est le pays des arbres, un peuple de géants. Nul ne sait ce qui se passe vraiment là quand la nuit est arrivée, personne n’y va. On a beau lui raconter que ce ne sont que des renards ou des hiboux qui errent dans les bois, que les biches sortent dans les clairières ou aux abords du village pour brouter tranquillement sous la lune, on a beau le lui dire, elle n’y croit pas. La forêt ne dit pas tout et surtout pas à des grandes personnes qui ne rêvent jamais éveillées. C’est un domaine qu’on ne visite que le jour, mais qui vit la nuit, le territoire des monstres, des trolls et des fées, le vrai pays de l’histoire.
Cependant le jour, la forêt ouvre ses portes, laisse quelques humains rares entrer chez elle et la parcourir. Il faut bien faire bonne figure, puisqu’elle est là, qu’elle occupe la terre, qu’elle est debout, gardienne du vent et de l’ombre. C’est profond, c’est silencieux, enfin, d’un autre silence que celui des maisons et des chambres. Un silence qui se fait à mesure qu’on avance, qui éclot sous le pied, comme si le bruit, le mouvement, la vie se cachait sans cesse derrière les fûts. Chaque pas allume les lumières et le bruit se retire aussitôt. On peut crier dans la forêt, très vite elle absorbe et mange les noms, les attire vers les têtes des arbres là-haut où tout est inatteignable et inaudible. Là-haut, où elle le voit bien, les arbres se balancent et causent une langue imperceptible, toute en la regardant passer, elle et son père qui marchent tous les deux sur ses tapis de velours...

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Messages

  • Belle ode à ce lieu
    vivant entre tous,
    patient
    et qui peut-être
    attend son heure ?

    [m’est arrivé de me promener en forêt la nuit, lors d’insomnies,
    l’oeil alors est de peu d’utilité
    quand l’oreille rapporte tout ce qu’il y a de présence
    autour de soi
    toutes ces vies qui se cache de l’homme.
    Joie paisible, mêlée de crainte d’être alors absorbé en corps et mangé en identité.]

  • Chaque pas allume les lumières et le bruit se retire aussitôt.
    Dire le fugitif, l’éternel imperceptible.
    Très sensible à ce texte souvenir en ce jour particulier du 29 mai où viennent à moi en silence des éclats de lumière filtrés par la vie.

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