journal de l’aube 600
vendredi 10 juin 2016, par
Je croyais offrir au fil un pas et puis l’autre. Me croyais dans le pied levé, juste avant que ne tremble encore le souffle que c’est entre nous.
Oui le fil sort encore de moi mais je le sais de moins en moins : je ne dévide ni n’enroule de la vie et des métamorphoses. Trop entrecoupée. Un morse qui ricoche sur l’eau.
Tu ne vois que des éclaboussures. Je veille parfois à rester ainsi gouttes en l’air, un éclat secondaire ; ils disent de la pluie.
Je croyais filer ou tisser. Une trame entre nous. Mais non.
Je suis de la brutale éruption, une séquence après l’autre. Parfois je respire. Je saute confuse trouble, d’une pierre à une autre, je traverse le fleuve de vie. Changeante, personne, nouvelle. Je ne sais jamais qui je suis. Demain me jette ; je suis toi un instant et demain encore elle et après je ne sais quelle image, quel fantôme. J’emprunte les formes et ne me reste que ma voix, qu’il faut tenir comme on s’accroche à des choses qui tombent.
Messages
1. journal de l’aube 600, 10 juin 2016, 08:46, par brigetoun
quelle merveilleuse surprise
2. journal de l’aube 600, 10 juin 2016, 09:55, par claudine Mangen-Sales
elle me plaît bien ta voix, la sienne, la nôtre, en pointillés ou en long largo
belles tessitures pour remplir les cœurs qui chantent en écho mais en silence
3. journal de l’aube 600, 11 juin 2016, 00:39, par aunryz
Il reste de ce fil
beaucoup du parfum de la vie
même lorsque son sable de mot
s’est écoulé
[et je garde d’ici
l’envie de couper
éclaboussure
en éclat et bouture]
4. journal de l’aube 600 écaille ça caille, chérie. , 12 juin 2016, 14:58, par Phil
"Je traverse le fleuve de la vie" = Aujourd’hui, hier, j’étais une voix rauque d’eau mâle, un grand jet, le geyser fumant du lac Léman. Demain je serai feu au lac, velouté épicé d’une mouture de poissons, son service de soupe à volonté sous la pagaie ahanantes de baleiniers prostatiques envieux, nez au vent, en mal d’aventures exotiques et inabordables.
1. journal de l’aube 600 écaille ça caille, chérie. , 12 juin 2016, 16:10, par Anna Jouy
tiens vlà que Phild’art m’appelle chérie... ;-)
longue vue longue voix longue vie lui souhaite
5. journal de l’aube 600 phil en aiguille., 12 juin 2016, 17:37, par phil
J’ai écrit "chérie" ? non mais vous voyez bien que je suis langue liée tricotant confusément une chose mal taillée à grosses mailles transparentes sur l’égérie mannequin. Veuillez lui pardonner et surtout pas de baiser coup du lapin sur la nuque, s’y trouve déjà un coup de soleil agricole très mal placé près du col et je crois bien définitif. N’aillez crainte, ce rayon biaiseur contourneur des casquettes Ricard et Pernod aura après sa peau, mon coeur au dernier tour. Et votre bonheur sera complet, satisfaction de tout votre soûl.