Journal poétique / www.jouyanna.ch

armoire

jeudi 26 septembre 2013, par Anna Jouy

peut-être en effet ne suis-je désespérée ni de feuilles ni de carbone ni de cette tumeur qui ne gonfle que d’émois
peut-être ne suis-je qu’une lacustre sans vent, sans voile, perdue dans son reflet
idole d’une fausse prière confite des tours du manège ou patinant sur le miroir
et que sais-je de ces douleurs de pouls
les miennes se lavent à vains degrés, petites laines feutrées d’une pluie sans conséquence...

je range en trois pliages mon désespoir dans l’armoire
le pli d’hier celui du jour et à venir
le blanchis d’un amidon d’emplâtre
qu’il fasse sarcophage au mal de vivre
de lui je fais le deuil
trop beau, trop fort, trop vivant sous ma paume

Coup de fatigue qui survient sur mes obstinations
Coup de barre sur la boîte crânienne... faut digérer et rédiger.
J’ai posé des cataplasmes, de la conviction d’éviction et voilà que l’édifice réclame de nouveaux étais, des gabarits amidonnés, un appui de raideur. Ne pas flancher et se répéter en incantation que rien ne vaut ces souffrances vaines et de bête au bât ?
J’ai fait les deux colonnes du pour et du contre, ai rempli les casiers des lettres données et des lettres reçues, ai ouvert l’enveloppe des superpoints de bonus sans doute... Le compte est bon jurerait un autre et dans mes doigts la pacotille des mérites et le solde des bonnes volontés ?
Tout pourtant ne saurait tenir à ses rigueurs, tout ne peut se sérier et rentrer dans les classes de Darwin.
L’année était meilleure et l’évolution conduit vers des programmes étranges où l’on voit sa raison se perdre et se brader pour quelques ivresses et quelques folies jetées en l’air.

Coup de fatigue qui ride le bel étang du miroir, coup et contre qui mettent mes bras en croix de protection, non je ne souffrirai plus, non je ne suis là pour rien ni personne... les raz de marée sont passés et les polders ont bu la tasse.

Mais m’infliger des pertes sans nom et le monstre de solitude pour dernier compagnon ?

si loin la ronde des anges, le bal des mouchoirs
le cercle est trop immense et je chasse les yeux bandés

à petit sentiment maigreur d’émotion

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