érosion
lundi 4 avril 2016, par
parfois cette impression de laisser derrière, une armée de neutrons, de molécules d’âme qui s’en défont de moi.
je suis une roche qui marche et le vent ne cesse de faire mon passé, de grains, de sable et je deviens minable, pire qu’un fil, qu’une seule face de médaille, éraflée légère. pour l’instant le corps est encore là. c’est la vêture qui s’élime. j’atteins une faction de nudité. puis ce sera aussi à ma chair que le temps de marcher s’en prendra. on ne verra de moi plus que des parts, des zones entières dévorées. et l’œil encore qui montre la route, et le pas plus solitaire, une espadrille de poète. et enfin les bras, les épaules, le trou de la gorge...que restera-t-il en dernier de moi ?
je prie que ce soit toi
Messages
1. érosion, 4 avril 2016, 23:19, par Phil
Femmes-arbres et hommes-rochers pour Giacometti. Pourquoi l’effacement ? http://www.francetvinfo.fr/culture/expos/trois-cles-pour-comprendre-l-oeuvre-d-alberto-giacometti_276407.html
2. érosion, 5 avril 2016, 12:33, par aunryz
beau
émouvant
(au sens où le coeur en tremble un peu
à la pensée de cette ultime dépouille ... l’Autre)
beau !
3. érosion, 5 avril 2016, 17:45, par Anna2B
Oui, moi aussi je pense aux sculptures en usure de Giacometti, si proches ; j’ai vu les ravages du temps sur les corps vivants élimés juqu’à devenir brindilles avant l’ultime transparence.
L’érosion me déchiquète comme ces façades pelées des maisons abandonnées, à notre ressemblance.
J’ ai vu aussi tout autour dans l’immensité du monde des palais et des rois, des armées figées en lumière, des vagues immenses de pierre arrêtées dans leur mouvement, des volants en tissu bordés de calcaire blanc...Une splendeur rassurante. Nous participons de ce monde, de la poussière des déserts, là est notre éternité ;
4. érosion, 6 avril 2016, 08:27, par Phil
@anna2b Votre vision finale en évoque une autre qui est dans le ton de "Citadelle" de Saint-Ex. Comment bâtir du durable dans le sable.