Journal poétique / www.jouyanna.ch

mahler

lundi 24 février 2014, par Anna Jouy

Je ferme les yeux, profil tendu. Ecouter Mahler demande à regarder le ciel droit devant. Toujours parmi des montagnes noires ou des hordes, des chevaux, des armures. Noirs orages.
Mahler arrive, avec sa lutte indéfinissable.
Je subis. Sublime violence emportée parmi les éléments jusqu’à en devenir cosmique. Passion d’encres sans pitié. le poison est à fleur de mon âme, de mon corps. Cela tatoue profondément, palpitations incrustées entre chaque parcelle de peau. Oh ! oui le monde est bien le plus fort, les matières lourdes comme des métaux aux douleurs orgasmiques, plaintes toutes issues du volcan premier, c’est bien cette musique que j’entends
Mahler arrive, et ses épées taillées dans le creuset des genèses.
Le monde n’en est pas à savoir, il palpite le langage primordial. Il clame des furies solaires, aquatiques. Démiurgiques rugissements. Rien ne se calme jamais, vraiment. Rien d’humain pas d’apaisement. Juste peut-être un instant crépusculaire, comme pour respirer, juste un instant, comme s’il voulait accorder une légère palpitation à ce fragile qui naitra –forcément- un jour. Chahutée dans ces mystères convoqués, je me tiens dans l’à peine respirable. Je crains comme des malédictions qui feraient remonter les eaux et les déluges. Et j’ai toujours eu peur de mourir noyée.
Mahler arrive, sans fin détruit ce qu’il crée.
Il strie de fouets mes patiences, mes constructions, mes échafaudages, prêtant à la musique les cavaleries apocalyptiques. Chaque silence est une menace qui rampe, un monstre qui va grossir avalant mon angoisse pour prendre ses forces. Férocement tellurique, férocement météorologique, élémentaire, chimique. Je ferme les yeux, c’est le submergement. Je regarde l’orchestre Il n’est que vagues et lames tempétueuses .Les dieux Zeus Chronos Titan déchiquettent l’air à grandes brassées sauvages. L’énorme purification des morts sans fin.
Arrive cet usage des cordes comme le déchaînement des éléments. Cet usage des cuivres comme des ordonnances, des prescriptions divines, des hurlées, des ordres, des cris inhumains, bien trop forts. Mahler arrive.
 Les anges ont tous des trompettes-

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