Journal poétique / www.jouyanna.ch

marcher

jeudi 22 mai 2014, par Anna Jouy

Mouvements, beaucoup de mouvements pour accompagner l’esprit qui tremble lui aussi dans la crémaillère lunaire d’une draisine aux petits bras. C’est la seule chose dont je prends conscience. Je ne veux rien entreprendre pour contrecarrer la force de ce mouvement- là. La vie est la plus forte. L’espérance la plus nécessaire.
Je marche sans cesse, le corps suit mais l’esprit, où reste-t-il ? Figé dans l’hypnose de quelques impressions furtives. Pensées fixes, comme des tissus pris dans des barbelés. La prison et le flottement si doux de ces chiffons dans le vent, libres, voguant sous le pli du souffle qui les soulève.
L’esprit est depuis longtemps loin. Ailleurs, depuis longtemps. Il est à la frondaison des horizons quand je regarde mourir le soleil et que je suis le mouvement de précipice d’un feu éternel.
Mon corps est un pauvre abri. Il a déclaré forfait. Il ne vit plus que de la rêverie secrète, de l’absence déjà. Il s’est soustrait à son quotidien de lourdeurs. L’amour le déporte dans des zones inatteignables, à moins de savoir marcher sur l’eau comme lui, quand il se met en vrille pour suivre le scintillement d’un peu de lumière sur la plage. Le corps léger, soupirail où s’effritent les dernières poussières de l’autre vie. Le corps dépossédé de vents et de désir.


work in progress

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