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après-midi / tinguely bis

personnage et art conceptuel

dimanche 4 août 2013, par Anna Jouy

Jean Tinguely était originaire du même bled que moi. dans mon pays, il était devenu une sorte de symbole de la folie et du génie artistique contemporain à la suite de l’exposition nationale qui eut lieu alors que je n’avais pas 5 ans. une énorme machine trônaît en effet sur l’esplanade des cantons suisses et c’était quasiment le clou de cette grande manifestation.

les gens riaient de ses machines, s’en moquaient même sans se rendre compte finalement que c’était le plus bel hommage qu’un artiste tel que lui pouvait recevoir de son public. la charge critique sociale pleine d’humour noir contenue dans son œuvre résonnait avec une telle évidence dans cette façon de le percevoir , et de percevoir aussi l’absurdité de ce monde neuf ne pouvait que le séduire.
... à l’époque, la matérialité n’était pas encore si évidente ; une Suisse plus solidaire, plus généreuse, plus honnête existait encore, et je saisis vraiment comment et pourquoi tant de rires et de bonne humeur ont pu jaillir à propos d’œuvres on ne peut plus grinçantes.
on pourrait penser que ce travail est marqué par une époque, fruit même de cette partie de siècle, inscrit dans le temps...
on regarde encore Tinguely mais on ne rit plus ..on évite peut-être, on trouve cela trop proche, trop direct maintenant. certains assurément ignorent ce qu’il y avait de précurseur alors dans ce travail et trouveront même cela convenu.
pour moi Tinguely, en effet a dit ce qu’il devait sur la société. cependant je le trouve beaucoup plus fort que ça, plus pointu et visionnaire que ça. Tinguely recèle une autre charge critique, mais sur l’art et des plus virulentes également. la mécanique du vide, de l’absurde, le mouvement perpétuel non producteur, stérile de toute échappée de son travail est terriblement parlant.
j’ai beau attendre au cul d’un de ces monstres, il n’y aura pas un seul oeuf à y ramasser. l’objet d’art en soi, ses rouages, sa fluidité grinçante est aussi aride que notre société...Tinguely démontre à l’envi combien un art purement conceptuel est voué à n’être qu’un grincement dans notre esprit.

ceci est mon opinion. cette lecture de Tinguely en tant que représentant d’un art qui travaille et pétrit des concepts et des idées n’est bien entendu que la mienne. j’ai besoin d’un art qui fasse des omelettes en somme

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