poursuivre réflexion sur le blog, son intérêt, sa spécificité. questions qui n’ont pas de réponses, du moins dont les sinuosités intellectuelles qu’elles tracent en moi ne sont pas des aboutissements et des convictions. écrire, les écrire, tend simplement à mettre une forme de lumière sur mes propres touffeurs et confusions.

je tiens à mon blog, j’y tiens pour différentes raisons. la plus essentielle reste le fait d’être lue avec régularité, avec suivi. cela dénoue la vanité de ce geste qui m’est essentiel mais qui pourrait aussi bien être une boursouflure de l’esprit. la livraison de ce travail à d’autres regards l’ancre dans un espace social, un espace de lien qui est la justification de toute parole. s’exprimer et créer du lien. ( d’ailleurs je trouve aussi que cela à un rapport avec le sexe, ou l’amour dans le plus élevé des cas, car c’est la jonction entre qui est si avidement demandée et je ne regrette pas le pseudo qu’on m’a donné).
disons donc que mon blog, ouvert, tenu régulièrement et utilisé non pas comme un simple dépôt du texte en attendant...un meilleur support, m’est important. il est officiellement une proposition littéraire.

je tiens à mon blog aussi pour les particularités, les spécificités qu’il apporte au travail d’écriture. sa forme informatique permet l’ intégration de différentes nouveautés, selon moi, à l’écriture.

– la première c’est son approche du temps. or le temps est le grand sujet de toute littérature. le blog institue un présent, une temporalité de l’instant. je poste un article, il apparaît à une heure minute précises. aussitôt écrit presque, le voilà offert au regard. il va être recouvert probablement rapidement par un nouveau feuillet. tout ceci ne disparaît pas mais s’empile, s’entasse. le blog ne propose plus une lecture du temps linéaire comme on le fait au fond en tournant les pages de son livre. il donne à percevoir la répétition des heures, la reprise des jours, des saisons, finalement la "construction" de notre existence. le journal de l’aube que je tiens est là pour cette raison : entasser jour après jour les levers de ma vie...le blog me fait voir non plus un chemin de vie mais il me fait voir l’édifice de ma vie... je monte ma vie comme un mur. (le futur blog montrera aussi les autres moments du jour.)

– la seconde, c’est l’épaississement du texte premier en y ajoutant d’autres écritures : musicales, visuelles et référentielles. par ce fait, il y a une dynamique interne à l’écriture sur blog qui devient pluridimensionnelle. c’est une écriture ronde-bosse et non plus calligraphique. cela, un livre ne le permettra pas.

restent cependant que ces mêmes qualités peuvent largement devenir aussi les gros défauts de ce type d’écriture.

– se laisser prendre par la nécessite d’alimenter la machine à empiler le temps et donc fournir du papelard sans profondeur, et desubstantialiser ainsi l’écrit, l’éloigner de sa vraie raison et sa seule justification, la sincérité, l’authenticité de son verbe. il y a une nécessité de faire qui peut aller contre l’intérêt littéraire.

– croire que la dynamique artificielle - faite d’artifices ou d’ajouts si vous voulez- de l’écriture en ligne, puisse remplacer la tension de l’écriture, le style et la possession forte de son outil, les mots.

– et l’archivage qui est tout de même hyper important pour tout travail artistique et littéraire. l’accès à l’écrit s’il existe s’il est possible est voilé, recouvert du fait de la construction en strates de tout blog.
et si je devais demander à un informaticien de travailler à améliorer l’outil blog ce serait sur ce thème- là que je le prierais de se mettre à l’œuvre.