Journal poétique / www.jouyanna.ch

Précis du hiéroglyphe.

dimanche 16 décembre 2018, par Anna Jouy

Le discours tend à me devenir de plus en plus mystérieux. Plus j’essaie de le maitriser, plus je lui trouve des fonctions autonomes, des articulations qui ne viennent pas de moi mais appartiendraient à une forme de mur, un mur rempli d’écailles, de déchirures, de brisées.
Je regarde s’organiser ces signes, ces hiéroglyphes. Je sais que toutes sortes de poussées, de vibrations les ont agencés, que c’est un long récit, une histoire dans laquelle le temps, l’espace, toutes les dimensions, ont joué leur acte ; un récit fait de hasard, de devoir, de soumission aux lois du monde.
Et je tente de lire.
Personne ne sait pourquoi il écrit. Je veux dire en quoi ce qui se note, se marque, est en train de charrier et de créer quelque chose. Personne n’a assez de distance pour comprendre s’il ne fait pas partie d’un mur, d’une façade et si, minuscule, il ne dévore pas une infime parcelle du temps ? comme une lézarde naissante.
Nous ne sommes peut-être pas des voix uniques, isolées, au message personnel. Mais peut-être formons-nous ensemble, tous, un seul livre, et peut-être chacun des écrits, insignifiants en soi, n’est-il qu’un mot, rien de plus, voire une syllabe ou une lettre d’un gigantesque lexique ou discours. La décrépitude du mur de l’éternité. Écrivains de fissures.
J’y pense car à tous les niveaux du vivant les structures se répètent et se ressemblent comme d’un seul geste, d’une seule grammaire.

< >

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.