stérile
mardi 11 juin 2019, par
Maintenant, c’est clair. Le temps a passé. C’est inutile d’y croire encore. Il n’y aura pas d’enfant. Jamais. Le temps de l’espérance est fini. Terminus. C’est comme si maintenant commençait la très longue fin de sa vie. C’est l’âge, elle n’aura pas d’enfant. Elle a chaque mois souhaité, prié, maudit, pleuré. Et chaque mois recommencé encore obstinément malgré le temps, les années. Il y eut pire que toutes les autres, ces quelques semaines où elle a cru avoir réussi, quelques semaines parsemées de-ci delà sur sa jeunesse où elle fut une femme gratifiée d’un début d’enfant, de quelques cellules nouvelles. Une femme devant rendre son bonheur à chaque fois, prise au ventre, tordue de douleurs ou surprise soudain de sentir que son fœtus décrochait, comme ces débuts de fruits qui pourrissent avant d’être mûrs. Jamais elle n’a rien haï de plus que ce sang de chaque mois, qui la vidait de toute espérance. Alors la culpabilité, l’effondrement d’être une femme inutile, une femme stérile se sont mis à croitre en elle. Ces sentiments, eux ne la lâcheraient pas. Eux, ils avaient assez de force pour enfler et prendre le ventre et le cœur, pour boire son sang.
expresse.excite.fr
Messages
1. stérile, 11 juin 2019, 12:44, par brigetoun
le moment où le mot jamais s’impose à l’esprit, compréhension fraternelle (soeurorale désolée je trouve le mot trop laid, il faudrait inventer)