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Il n’y a pas de rêve cette nuit. Seules des...

mardi 14 décembre 2021, par Anna Jouy

Il n’y a pas de rêve cette nuit. Seules des images très claires, parfaites. Des images que j’aimerais peindre parce que ça, tu ne le verras jamais. Inexistantes nulle part. Tout à fait. Il n’y a pas une tête qui pourrait les avoir vues, elle aussi. Une image limpide. D’ailleurs je pense qu’elle l’est parce que j’ai vu un film, il y a quelque temps, dont la photographie m’avait frappée par sa beauté.
Un homme en« liquette sale est » dans un bassin. Je crois qu’il travaille là. Un buandier ? Je suis dans un autre pays, ce n’est pas le mien. Ce bassin est quadrillé de barres de métal qui forment des carrés à fleur de l’eau. L’homme est dans un de ces carrés, il travaille. Je le regarde depuis une certaine hauteur. Sans doute un balcon au-dessus de ce puits.
Et soudain je le vois depuis le fond du bassin. Ses jambes s’agitent pour rester à la surface. Une eau verte et bleue, très propre mais sans lumière particulière, une image troublée par aucune bulle. Je revois les traverses de métal qui forment leurs carrés. Elles sont jaunes et brunes, rouillées sans doute et moussues. Elles sont très belles. Il y a une grande dizaine de mètres entre moi et la surface de l’eau. Je ne me noie pas, je ne nage pas. Je suis sous l’eau. Je sais qu’il n’y a aucune raison que je sois là. Je n’y suis que pour voir la scène d’un autre point de vue.


Cette liquette est-elle sale ? Je dis sale parce qu’il se dégage une impression de labeur intense et de pauvreté. Je ne le vois rien faire en particulier mais je suis certaine qu’il travaille, qu’il lave du linge. Il n’y a pas de linge dans cette eau. En fait il me regarde surtout, depuis en bas.
Il y a un pays dans ce rêve. Il est présent partout. L’ocre des sols, le crépi blanc des murs des maisons tout autour, la qualité de l’air qui me semble chaud. Autour de moi, les gens ne sont pas habillés comme ici. Je ne les vois pas mais moi-même je ne porte pas des vêtements ordinaires. Ce n’est pas quelque chose que j’ai vu, là non plus. Je construis tout autour de l’image, un arrière-fond inexprimé.
Le bassin est très profond. Comme une émotion artistique.

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