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Pussy Riot-Libérez Nadejda Tolokonnikova

mercredi 25 septembre 2013, par Anna Jouy

mal
mal femmée me dit-elle.
prison qui n’est pas que de murs, qui n’est pas que de terre ou de miradors.
ce n’est pas l’espace qui est clos, pas l’horizon qui est fermé à son regard.
ce n’est pas le sol que l’on efface, que l’on éradique de ses yeux.
ce n’est pas le monde escamoté, ni l’exil. NON.

mal
mal femmée
on se cache seulement derrière ces murs, on tend le leurre, on dévie les flux de lumière.
contre les briques butent nos propres regards. on ne pénètre pas, on empêche seulement le savoir, voile de béton, de barbelés. car derrière se tiennent les affres les plus secrètes, les plus odieuses.
et nous du côté exclu de l’histoire, nous n’entrerons pas là, nous ne saurons rien.
les murs maintenant nous tiennent prisonniers de nos idées trop propres, trop indifférentes.
notre ignorance bien protégée de l’horreur des mal femmées.

mal
mal femmée.
enfermée dans son corps, dans son corps avili, puant, putréfiant, son corps inhabitable, dans lequel elle patauge, elle vomit, elle s’effraie.
on fait de sa chair une prison pour la folie, voilà la peine vraie à laquelle elle est condamnée. on a rétréci l’enceinte carcérale jusqu’à sa peau. elle ne peut plus bouger, plus sortir, respirer.
elle est ligotée dans sa chair- camisole de force, dans ses déjections, qui rendent l’air, la respiration, la légèreté indispensable, en prison surtout, impossibles, inenvisageables.

elle est au dégoût d’elle, à l’égout d’elle-même, contrainte de laisser l’esprit à la dernière errance. l’ultime noyau de résistance.


lire sur www.oeuvresouvertes.fr la traduction de la lettre de nadejda

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