plume sèche. cela arrive, on me dit- je me dis .
ex-pulsions.
parfois il suffit d’un geste, d’un mot pour donner des impulsions ;
la même chose pour que se détruise en moi le sentiment de quelque chose qui ait du sens. cette activité d’écrire aussi vitale qu’elle soit se dissout dans la souffrance...je n’écris plus je me regarde écrire.

l’élan poétique a poursuivi un temps sa propre force mais je crois qu’il vit sa fin, que le manque est bien là, réserve de carburant épuisée
(j’en arrive à me demander même s’il y eut un jour un poème ou si tout n’a pas été illusion créée par mon esprit comme on peut siffler pour chasser quelque chose en soi de l’ordre de la terreur.)
ces instant de rupture que je revis près du sang, refus d’amitié, rejets, petits assassinats quoi qu’ils en disent hautement et fort. mémoires pleines actives

je dois être bonne à crever comme si cette chose seule était en mon pouvoir, celle de crever, de faire crever, de donner la mort, à moi aussi. la mort est un bon sujet littéraire..., après on voudrait le faire vivre et l’écrire autrement.

la nuit est très nuit maintenant, les choses qui m’importent épuisées, les gens très absents, silencieux, inexistants, me rappelant à la disparition, à l’effacement.
je côtoie à l’épaule les foules papillons, le frôlement de présences insensibles, la marche des doigts soldats de l’invisible qui me tapent dans le dos et m’interpellent :
lâche tout va-t-en. j’ai même entendu, vis ! les salauds
des savants, des trieurs, des chasse-petit dont l’imagination déborde rarement du chapeau... l’idée de l’écrit leur appartient sans doute et me sens rendre ce qui leur appartient. matin dépit certes affectif, poids entrailles, rebut.
me lève sur Terre.