le passager des ombres vient à nouveau de nouer ses pas à la nuit.
j’’entends le frottement du noir dans les rais des ampoules
il va et vient à la poursuite de ses cauchemars, heurtant chaque rhume à choisir.
il faut maintenant que je fasse les préparatifs de l’aube. le jour me tarde pour revoir un peu de lumière pour croiser sur les murs de son exil, son profil noir ses restes humains vaincus par le soleil

il va pleuvoir. c’est ce que disent les silences parsemés de feuilles et de froissement. j’ignore la portée de ces nuages, probablement nombreuse, - le temps est gros et fertile-
c’est encore à l’état vagissant une fiasque dans le goulot du vent.
l’esprit des ombres s’est assis à la table. il attend sa pitance de rêve, espère qu’elle sera faite d’ivresses et de délire.
je me blottis dans le recoin du lit, inutile impuissante au combat. les heures rusent avec la mort. j’écris tentant vainement de dissiper une sorte de peur. l’inquiétude gagne les encres de l’aube.
peur incontrôlable d’un piège malade qui ne rendrait jamais mon âme.
je me lève avec la bouche pleine de cendres, fumeuse investie de quelques clopes barbares. bouche tête ventre aussi
un chat malade à terre rampante tâchant d’aplatir la colère des coryzas. je retourne vers mon lit, je retourne vers le songe. tantôt enfin il fera jour.