je voudrais écrire sur la grâce, l’élégance fragile, la grâce qui est humaine, parfois, mais dans certains êtres toujours.
ceux qui portent sur eux le voile léger qui saisit et retient la lumière.

la grâce entre leurs yeux, leurs gestes toujours, que rien n’a jamais abruti.
de la sorte de cages ouvertes sur des oiseaux

c’est après elle que j’écris, que je tourne, que j’arpente. après cette grâce perdue, comme si j’avais été dénudée à jamais de mon âme et qu’ensuite, qu’ensuite il me faille sans fin être froide nue.

plus je m’éloigne, fuis, oublie, enterre ma tunique gracieuse, plus j’alourdis mon être, mon regard, mon sang.
habitée des intrus souvenirs, d’une honte, regrettant d’avoir été vaincue et de l’être encore, incapable de remise.

restent ces autres vivants de la Terre qui toujours demeurent en cet état parfait. fleurs arbres animaux éléments...

la grâce résistance essentielle au mal, inviolable réalité mais qui chez presque tous et toutes est en fait une quête ou un mortel chagrin.

j’en veux aux brise-grâce. à ceux qui ont rendu la fragile filature des soies des dieux sale et pesante. leurs rejets, leurs refus sont tant d’évidences laides de moi-même.

on mérite sa grâce peut-être, on l’entretient, on la soigne.
m’en veux surtout à moi même : ai provoqué la disgrâce, ai mérité la disgrâce et n’ai aucun moyen de jamais revenir à l’immaculé esprit de mon intérieur.

alors la grâce je la voudrais sur le fil des mots, comme une compensation, comme on voudrait disparaître dans une ascèse d’anges