Journal poétique / www.jouyanna.ch

écrire à corps prenant

samedi 16 novembre 2013, par Anna Jouy

qu’importe l’eau. je ne me vois pas écrire sans cet humide qui trace brillances ou buées. la page est un recueil des marques tangibles du désir. je crois qu’on me couperait la tête j’écrirais peut-être encore des mots. où donc serait la vie sans le puits.

j’entre dans ma baignoire. je sens le monde me toucher tout autour, enchâssée dans ces mousses, ces continents de mousses. j’émerge des cendres de nuages peut-être il faut beaucoup de gris pour faire une goutte d’eau. il faut beaucoup de désirs pour un distillat de parole.
je suis avec attention le parcours du feu à l’alambic, du réfrigérant ciel de l’extase à la chute d’une perle. juste pour parfois voir la montée d’une île de sein, d’un amour ou quelque chose d’autre de plus intouchable.
l’écriture c’est un peu Moïse, beaucoup de mer et un chenal pour sauver son dieu.

larme salive bave ou cyprine, sans une ivresse les marbres des imprimeurs orne des jardins sans respiration, sans souffrances. ne semble y avoir qu’une intelligence qui pompe à la poche en caoutchouc l’air dont sont faits nos actes nos gestes nos élans et puis nos paroles.
artifices démembrés artifice hystérectomisés , un faux sur la littérature un faux sur la nécessité

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