Journal poétique / www.jouyanna.ch

fenêtre

dimanche 15 décembre 2013, par Anna Jouy

c’est un mal de café qui penche au rebord des fenêtres
la chenille du vide sur le balcon des mots
ta fumée part en vrille comme vigne funeste et j’enfile des rondes au collier des parades
la roue tourne pour moi comme lune au ciel pleine des eaux et marinant ses sels
l’éperon de mon cœur fait gnomon sur la piste du cirque
et les étoiles tombent
étincelles de Bengale éclatant sur les heures

c’était il y a du temps, du temps perdu maintenant. tu vivais encore. tu n’étais pas ce corps vide errant dans des couloirs. tu existais, tu méprisais, tu me refusais la parole, tu me refusais la tienne.
dans une pièce tu t’étais isolé. fumer une cigarette, prendre l’air à ta manière, t’échapper un instant d’une foule trop, d’une foule très... je crois.
tu avais grand besoin de te taire, d’être là mais sans y être vraiment.
voir, marquer ta présence et puis encore t’abstraire de tout, des autres et de moi.
je m’étais approchée. oser une esquisse, aborder ton silence.
mais un pas sur le vide, la corde était trop molle, ton regard ne me tenait plus.
alors j’ai suivi mon âme chutant du quatrième et sans un mot je suis morte tranquille.
tu regardais au loin.


illustration E. Hopper

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