Ici, on a coupé beaucoup d’arbres. Pendant des jours entiers, j’ai assisté à l’exécution des basses œuvres des bûcherons. Eradiquer les meilleurs fûts de la forêt. Il a fallu me rendre à l’évidence, accepter ce que je ne voulais admettre : des zones entières du bois avaient été dégagées. Dans la pente, entre des plissements de terrain, à l’orée.
Un travail nécessaire qu’on a dit. Entretenir le paysage, le coin de bois avec des saignées ligneuses allait revivre.
Je pouvais entendre entre les moteurs des scies, le craquement des sapins et des foyards, un mélange de sons si agressifs qu’à la fin j’aurais voulu m’expatrier en ville.
Ce jour je vois les fûts coupés, tous d’un même gabarit, le cœur encore pris. S’il y a des êtres vivants sur cette Terre que je vénère plus que tout , ce sont eux , les sages piliers du ciel.
Je passe près de l’amoncellement des billots et me retournant je constate que chacun a gardé dans cet abattage, accroché à lui des mousses et son lierre sectionnés eux aussi à fleur de coupe. Embaisements de sang et de sève inextricables
L’inutile parasite demeure ainsi plus fidèle que la vie, agrippé à son ancre