livre des suites
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le spam de vivre
30 novembre 2013
écrire mouture salope. je pose mes mots comme on dalle un territoire. plus d'herbes nulle part. je scelle, je bétonne, overdose de tentations tristes et craquement qui ne brise rien. il y a des poètes qui ne sont pas humains, juste des féroces. et mon sentiment grave profond terrifiant qu'ils me dévorent et m'effacent qu'ils m'éradiquent du monde. inflexion douloureuse j'ai déjà presque tout tué que me reste-t-il. si ce n'est de m'arracher (...)
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en partition ces bruits de maison
29 novembre 2013
mettre en partition ces bruits de maison. ces craquements jusqu'aux morts, ces fêlures jusqu' à l'envers des fondations. nombre de jours qui parlent ainsi avec des intonations de disparus. la maison dont je suis le fantôme.
la maison qui me couve et me rejette du même mouvement inquiet de ma mère ne supportant ni l'attache ni le détachement.
je fais souvent ce détour moi aussi par le bris du silence pour manifester contre la mort alors (...)
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de l’eau et de l’air
28 novembre 2013
rassembler les mains. recueil d'un instant, entre transparence et charge lourde. l'eau passe nos mains comme nous passons, grès des tajines de couleurs.
ton goût entre piments et miel et que je couvre d'une soif lente.
ensevelissement de rivière, sous les arches aux ongles courts.
cratère entre cendre et mélasse, un souvenir de coque où tout nait
seule au monde, ma voix rentre en moi comme une plante s'étiole et part en bulbe. taillée (...)
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de la nuit rien ne vient ni pas ni voix des...
27 novembre 2013
de la nuit rien ne vient. ni pas ni voix. des ombres, des vendanges au goût de tourbes et l'espace des ceps.
j'appuie mon front à des linteaux dressés. le bois n'a rien à dire et les seuils muets .
affranchir la main de ses tours, ce mouvement de clef jeté du gobelet des runes. l'histoire retisse ses reprises. fermeture de l'aube. fermeture du soir.
ce qu'on croit escamoter, le corps l'évente. la maison est encore jaune de lampions, (...)
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avant la mort
26 novembre 2013
pris ma veste de grasse lune. sommeil entre des draps mouillés, la marée d'un rêve qui ne sait trouver sa plage.
chaque jour qui passe m'écorce d'aubes. je ne serai bientôt plus qu'une étamine insomniaque à l'ourlet de la nuit , effilochée et si usée que tu n'oseras plus m'enfiler. presse, presse.
tu n'auras plus qu'à dérouler ma peau, car tout a été dit et tout y est inscrit. ce petit hameçon pointu qui se fiche sous ma langue. c'est un (...)
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de la commode l’apprêt
25 novembre 2013
ressortir de la commode l'apprêt
le frais revenu de la chose
celle qui est faite
qui est domestiquée
qui est parures et décors
quelques grimaces sous la lèvre
je parle beaucoup de l'intérieur des joues et c'est peu de le dire
que fleuve c'est
qu'eaux dédites c'est
que ravalements avant les viscères
je serai bonne ou généreuse
c'est de ne pas aimer qu'il me faut être pardonnée
ne plus aimer
ne pas être
ô celui qui m'a faite ainsi
pas de (...)
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esthétique de l’attente
20 novembre 2013
esthétique de l'attente
visage vase d'expansion du temps qui referme les bogues sur mes vieilles fleurs.
– t'as vu le coup de vieux claqué baffé sur ta face !-
les châsses mitaine à faire fuir où se casse la mémoire.la fripe, le second hand du désir, tissus rouillés distendus à vif.
– pourquoi j'aime ses rides et ne veux pas des miennes ?
chaque année est un instant perdu et je n'aurai même plus un ancien regard à présenter au futur.
– et (...)
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sillons
17 novembre 2013
une occupation de toile.
faire des motifs. navette proliférante. repasser souvent aux mêmes endroits pour construire un bout du jardin. ou de l'Alambra. essayer des tons sur tons et des tranchées radicales parfois. scarifications de couleurs, vives, profondes à créer un vertige inquiet.
repasser. routiner le sillon. rentrer ainsi dans le gras du prétexte, du pré texte.. nourrir cette sorte de mal psychorigide, qui réclame de revenir à ses (...)
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poème
16 novembre 2013
L'intérieur de moi est comme drapeaux de prière, fines bandes blanches accrochées à un jonc, sortes de tresse de libellules fragiles et transparentes soumises incessamment au message du vent.
Je n'envoie rien vers les dieux, mais dans ces filets flottants j'essaie d'attraper les poussières du soleil, leurs mots d'amour, ce qu'ils sont censés être.
Devant moi la montagne, la verdure et la caillasse qui montent jusqu'au sommet du monde, (...)
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muezzin
13 novembre 2013
maintenant.
clore les yeux et mettre en berne les lumières trop fortes. faire les deuils d' abat-jour. prendre l'éteignoir à perche. l'élever haut pour gauler le soleil.
m'asseoir en tailleur, poser mes paumes, bénitiers de cérémonie et cercler ma planète du noir propice à changer les paramètres.
je deviens. je laisse le corps proférer ses prières, muezzin d'un dieu intime recueilli au filet.
cette soif de rejoindre, rejoindre un instant (...)