Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 138

jeudi 17 avril 2014, par Anna Jouy

Partir assez loin pour se dissoudre dans son ombre. Écrire ne retient que des trames (des drames ?) sur lesquelles on refait nos motifs à chaque étape.
Je tiens la navette, je lance entre les fils une nouvelle laine, je tends ou je pousse au peigne la raie bien tassée de ce nouveau jour.
Qu’une ombre je deviens. Solution de noir dans le noir, mais comment aimer le magma obscur ?
Écrire tant et tant encore, que je m’éloigne du souvenir et de ce qui faisait écueil, à figure de naufrage.
Je n’exclus pas cependant que je fus meilleure autrefois et que ce n’est plus ce jour que l’écume d’écrire : je mets un commentaire à ma vie et je pleure.

Qui parlera encore de l’agitation des feuilles, de la coupe à ras bord d’une pluie de blés jeunes agités force huit, mer haute ?
Qui parlera encore de la peau maligne, torchon de tendre à l’heure du bilan ?
Qui essaimera boudons, piquera guêpes, enflera paume et joue en hurlant : du vinaigre !…
écrire écrire…
Qui brossera mon échelle, tuteur tordu de chevelures et d’idées noires ?
Je jet d’explosifs, je pétoire écornée de tirs, je crêpage de volatils à l’aurore du nid, je dégât fort de lovesongs solo. Je crie, je persiffle et tant qu’à la fin je ponds un œuf vide. Stériles oreilles du cosmos, ne recueillant qu’un brouillon d’amour. Je suis ouverte à la mort et donc à la porte des naissances.
Matin mutation. Pâques dit-il.

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