Dans la serre chaude un soleil de radiateur couve des œufs de fleurs.
Je glisse ma main sur le premier gazon de cresson, sur la douce fourrure verte des pensées. Je traverse le domaine d’un regard, le coin des ricins, celui des bégonias et ces îles de chrysanthèmes en éclosion de cimetière, l’odeur de la terre pleine et rousse, l’odeur de bois pilé, de feuillages d’ambre...
Et plus loin dans un étang de tomates et de cerises les larmes infinies des haricrocodiles, les bettes ébouriffées, l’épinard glorieux empétalé, le fenouil et ses cœurs croisés de lurex.
Tout monte aux narines et apaise le corps ; la vie végétale bat son plein et comme moi sent venir la belle faim.
Me connaître toute pareille pousse dans la cour des miracles, liane ou trognon qu’importe le flacon, je respire et bats d’entre les arborescences. La forêt et le monde droit des arbres tendus de lumière et d’eau jusqu’aux sources du vent.
Grand jardin et nature minuscule, accueil de sens et des sens dans le bras de la Terre. Mon but est là:vivre nature.