j’ai revu mon silence, comme moi il avait...
vendredi 29 mai 2015, par
j’ai revu mon silence...Comme moi il avait vieilli, gris et gros aussi. Seule l’ombre plus longue au sol restituait son corps du temps d’avant.
E je me suis demandée : combien de temps ça peut vivre un silence ? Cela dépend des espèces, du type de carapaces, de l’épaisseur des écailles dessus. Cela dépend du ralenti des pas, des membres et du peu qu’il mange et digère.
Il m’avait prévenue, il pouvait durer la vie entière qui reste.
Cela m’est revenu juste à ce moment-là.
Peut-être que c’est le temps qu’il faut à ce genre de rien pour faire le tour du monde et vous revenir par derrière, par surprise, dans une allée de jardin ou de grand magasin, quand vous êtes sur une trajectoire parallèle, distraite ou absorbée.
J’ai revu mon silence
Et j’ai pensé dix ans déjà que je n’existe plus et que rien n’a filtré de son monde. Un silence qui éponge le fiel ou l’amour sans discontinuer, que rien ne sorte et bruisse.
Rien ne veut dire
Il est passé.
La Terre a encore des équateurs de dits en dix. Je crains que l’éclosion d’un verbe ne fleurisse ma tombe.
Messages
1. j’ai revu mon silence, comme moi il avait..., 29 mai 2015, 23:07, par aunryz
(belle la dernière phrase)
j’apprends ici
(ou plutôt ça me saisit)
que le bruit* peut contenir du silence**
et c’est un peu
effrayant à ressentir.
*Celui du monde autour de nous
** Celui qui nous tient la gorge
2. j’ai revu mon silence, comme moi il avait..., 29 mai 2015, 23:47, par brigetoun
le silence peut même être volubile, et comme il est silence il ne contrôle pas
3. j’ai revu mon silence, comme moi il avait..., 30 mai 2015, 07:48, par Dominique Hasselmann
Il se dissimule parfois entre les mots ou dans leur texture même. Quand il réapparaît, le silence prend la forme d’un acouphène.