Journal poétique / www.jouyanna.ch

Ich...

lundi 15 juin 2015, par Anna Jouy

On se trompe à mon sujet, je crois… C’est ce que je me dis souvent et aussi qu’il me faudrait rompre le malentendu… Rompre, briser la méprise, comme le bon pain dont on se rassasie au fond et dont on ne veut se passer. Mais je suis effectivement fade et sans grand intérêt. Les gens qui ont fait le voyage peuvent en témoigner : je suis banale, ordinaire, sans mémoire et inculte à bien des égards et surtout pas un poète. Les poètes ont des vies intérieures, très intenses, des douleurs étonnantes, des admirations d’enfant, ils sont traversés par la parole, enfin ce quelque chose du tour de magie, qui laisse bouche bée et tout leur monde dans un chapeau. Un autre monde… Moi je peux seulement écrire parfois comme un poète, pas toujours mais parfois… Je peux essayer son masque, entrer dans sa peau, comme on peut imiter Charlot ou J. Wayne pendant quelques minutes et voilà… Quand je les lis, je les sens singuliers, ni plus ni moins admirables que je le serais moi-même, mais ils ont une vie que je crois sincère ou authentique tandis que je me sens dans la comédie distante du monde. J’expérimente leur vie pour retrouver la mienne mais en même temps, je crains préférer à jamais vraiment l’avoir perdue. Je me regarde vivre aussi, faut bien le dire, une sorte d’exemplaire de l’espèce, un sujet à mettre sous microscope. Peut-être devrais-je me poser la question de ma propre existence ?
En fait je pense que c’est là, la seule douleur que j’ai.
les poètes sentent des choses qu’ils cherchent à dire. moi j’ai des mots qui cherchent leur pays

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