journal de l’aube 474
lundi 12 octobre 2015, par
ne pas opposer au livre qu’on ouvre son intelligence. tant de livres ainsi affrontent leurs lecteurs, qui y cherchent des confirmations d’eux-mêmes, l’assurance d’idées qu’ils ont déjà formulées, de ce qu’ils ont déjà pensé. tant de lecteurs n’abordent pas l’ouvrage mais le sabordent de toutes parts. plus le livre contraire est fort, bien construit, déroutant en somme, plus on mettra de force, de virulence, de lames à le défaire. et si le livre n’amène aucun mouvement d’adhésion mais guère de menace non plus alors il encourt une évaluation du soupir. les bibliothèques en sont pleines d’ailleurs, partout ces ouvrages achetés, lus ou parcourus, qui n’ont servi qu’à être des monuments de papier dressés à soi-même et sa compréhension du monde. on lit des livres comme on fait la conversation, en n’écoutant jamais ou si peu, juste de quoi relancer ses propres arguments. et à l’épreuve de ces monologues permanents que sont les échanges de bistrot, de plateaux de TV, de chaires d’églises ou de mosquées, les livres sont pareils à ces merveilleux miroirs qu’on disait aux vanités. l’incuriosité est le maitre des lectures.
pourtant si on pouvait aller au livre en espérant qu’il nous change, le corps de sable, l’esprit malléable... s’attendre à l’autre qui nous modifie et crée.
lucien suel : le lecteur qui happe
Messages
1. journal de l’aube 474, 12 octobre 2015, 09:50, par Dominique Hasselmann
le livre ne livre pas tous ses mystères...
il délivre de la tentation, peut-être.
2. journal de l’aube 474, 12 octobre 2015, 10:16, par Phil
Les écrivains ont généralement pour leur bonheur, les lecteurs fidèles qu’ils méritent.
3. journal de l’aube 474, 12 octobre 2015, 19:23
Ne voir que ce qu’on s’attend à voir
(la vue commence par une projection supposait Platon)
La prison des mots est terrible
les paroles de l’auteur payent un droit de douane au passage
certaines arrivent gâtées, d’autres ne passent pas la frontière.
Le poète a peut-être un peu plus de chance de "dépayser" le lecteur
de le sortir de ses propres traces
souvent,
c’est l’effet que me procure une page ici-même.
4. journal de l’aube 474, 12 octobre 2015, 19:32, par Anna Jouy
il faut lire en laissant ses attentes à la porte de la bibliothèque, elles font trop de bruit ;-)