Journal poétique / www.jouyanna.ch

écriture 2

samedi 5 décembre 2015, par Anna Jouy

Longtemps chercher ces traces ; il fallait voir des coulures, des griffes, une marque lisible. Ne vouloir que ça. Longer, pour calmer son inquiétude, des murs, des sols gravés, des empreintes. On pense découvrir dedans des évidences, on pense que le temps est écrivain.
Puis soudain on n’a plus qu’une conscience, celle d’une foi fictionnelle, la sienne. La vie ne serait donc qu’une histoire. On y croit pour s’assurer de son propre récit, on collectionne les données, on les rassemble, on les entasse. Sa propre foi, la sienne, parce que le temps fait pour nous des marques et montre l’ancien et qu’il envisage encore d’un doigt tendu le futur. Une direction, une ligne, comme on écrit en somme.
Mais voilà que Le divin se dilate, qu’Il investit le large, la hauteur, l’étendue et qu’aucun temps n’a de sens pour lui. Alors tout ce qu’on écrit devient une mesure d’angoisse, une corde de rattrapage. On n’écrit donc une histoire que pour inviter du sens à sa vie, comme se rédigent des notices pharmaceutiques croyant de ce simple fait contrecarrer le mal qu’on ressent. Plus loin, plus inatteignable encore, ce placebo de farines dans ses capsules d’aluminium et puis ailleurs bien loin de toutes nos prescriptions, les céphalées sans nom de la Vie. Ceci est un médicament, veuillez lire la notice d’emballage.

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