Journal poétique / www.jouyanna.ch

urgences

lundi 7 octobre 2013, par Anna Jouy

La vie à la fenêtre. Fenêtres en tous genres. Toujours écumer un peu de lumière.

Regarde dehors, il y a des passants, des gens qui travaillent.

Mon travail c’est de regarder et de me cheviller à ce mouvement des autres. Me coller à leurs pas, leurs gestes. Essayer, dans l’approximation de vivre et de savoir qui je suis. Dans mon coin, derrière la vitre.

Je suis envahie de bestioles de cirons. Ma tête est rouée, mon esprit infiltré.

C’est que je ne plaque qu’au verre, décalcomanie aqua adhésive, rien de plus.

Difficile d’être comme ça, hypnotisée par la vie dans le tremblé de la photo, dans le cliché flou.
Comment font-ils ?

Quel bon profil.? Qui suis –je ? J’écris ; une façon de poser des repères sur la table. Pour avoir des pièces à conviction. Avec cette sorte d’espoir que la lumière va se faire enfin en dehors de cet espace vitreux, mais en moi, dans ma propre chair.

Je regarde aussi mon écran. J’y scrute des indices. Qui n’émanent pas

Je me sens défroquer, écrire aller vers quoi ? Franchir le feuilleté Securit, passer ce mur de filandres lisses et d’isolation ?

Ai misé sur le temps, sur son usure, sur son comblement

Ai misé sur le fil, le lien, l’écho

Ai misé sur le quotidien, l’observation méthodique des choses.

Ai misé sur le hasard, l’intuition, la fabrique autogérée du sens des mots, une transcendance, pourquoi pas.

Mais l’inertie me gagne et me mutile

Me sens coupée, comme un vieux chat

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