récipient plein. les nocturnes ont été généreuses. rêveries d’un fil à un autre. les essaims d’images ont butiné dans tous les sens. ciel moucheté, vols libres et revenus avec des traînes de miel et de fiel.

toujours ce mélange impur qu’il faut ensuite filtrer et décanter. bizarrement ce sont les cailloux du vin qui font l’écriture, ces précipités qui coagulent sur de mystérieuses humeurs et qui ensablent le cul des bouteilles.

parfois certes, la tête y est pour quelque chose. le cerveau est une étoffe de laquelle s’écoule un jus de conscience. mais si certains se contentent de boire, j’ai toujours envie du caillé de ma vie, impossible à toucher, et pour cela même.
a-t-on tous ce goût de l’impossible, de crier faim, de crier dents, mâchoire ? somme-nous tous des pétitionnaires hargneux sentant qu’un complot est là entre la tronche et la vie et nous prive. notre droit foulé ?
peut-être après tout ne savons -nous rien et pas non plus nous contenter, nous dire contents qu’il y ait à boire et que l’ivresse est là pour mener nos danses et nos rires, nous dire que l’autre face de l’étamine ne contient en fait qu’une masse tordue de saveurs sans intérêt qu’à la vomir ensuite ?