simplement te remplir jour, te remplir de tes semblables, de tes quotidiens, de tes ordinaires. par brassées de pupilles, orphelins du soleil chaque fois, à cette heure.

le paysage prend de ces couleurs ombrées profondes. on sent que tout va s’en aller maintenant très vite et cette dernière coupe...

simplement t’amasser avec un râteau, grains de sans- vent, ors assez inutiles pour faire valeurs d’échanges... refile-moi tes feuilles, je te refile la nostalgie .

simplement te remplir jour, de tas, de récupérations, de gestes tous aussi inutiles les uns que les autres, intentions à peines formulées ou alors trop hurlées dans le gueuloir.
te sentir te remplir, parois lisses où s’adossent beaucoup de farines pour monter un silo. amas, progressions et températures -on dit que ces châteaux peuvent exploser comme des bombes à gaz-

tout le temps passé à combler les espaces, les heures creuses et l’horizon. je regarde à la fenêtre. c’est loin jusqu’à t’atteindre, des gens par nombres entiers qui vident la mer et moi qui amoncelle. ambition de barrage dans la montagne, ambition de montagne dans les nuages puis de nuages dans l’oeil bleu du typhon.

simplement te remplir jour.

y a-t-il un mal à faire du remplissage ? pas certaine que ce soit en pure perte. c’est de ballast en somme, de tout-venant qui fonde les cathédrales pourquoi pas. d’abord matériau disparate, états divers de la matière que je jette dans le jour.
parfois à la pelleteuse et parfois au dé à coudre

simplement me remplir.