est-ce un musée, un bestiaire, une cosmogonie rassemblée entre les os de ma tête ? je visite. le cerveau est une éponge.
quelles longues phrases, quels éclats de génie ai-je conservés, imprononçables maintenant parce qu’oubliés dans leur formulation, mais devenus cet alcool dont s’ennivrent mes mots...? je visite, je promène ma mémoire dans des musées, dans des rues anciennes, j’amasse l’image.
et puis dans cette distillerie intime de mon cerveau, aux parois de vieux chêne ou de bouleau..je macère un texte, des ans plus tard, sortes de parfums se mixant, jusqu’à des lignes hors d’âge.
je suis le fruit de lectures et de visions classiques. mon père était un homme d’un autre siècle sans doute qui songeait que Mérimée était une lecture digne d’une enfant...lait de base. l’épaisse nourriture viendrait plus tard, bouchées de saveurs que j’ai prises avec la crainte d’enfreindre les lois frugales de ma souche.
j’ai souvent peur qu’un résidu, un radeau de poésie, flotte sur ma page, poème errant que je ne peux dissoudre, ni de mon fiel , ni de mes alkaselzers.
ce voyage fait il y a des années maintenant, ces lieux que je revisite donc... les sensations, tout ce qui était en moi dont j’ignorais le pédigrée en somme et qu’il m’est redonné d’identifier ces jours,(tandis que sur les Cosaques des frontières s’écoulent des textes venus de cette même époque) http://lescosaquesdesfrontieres.com...
j’entends surgie de l’arrière tête une magie, je la formule..et je la débourre aussitôt : ce sauvage flux de l’image contient peut-être un emprunt et ne m’appartient pas... ce sauvage emprunt n’est peut-être que ce moi insoluble..