journal de l’aube 209
mercredi 16 juillet 2014, par
« M’absoudre » dans le silence. Parfois j’invoque l’état fluide de l’innocence (je sais que ce sont des invocations qui ne resteront pas vaines, m’y résoudre). Absoudre plutôt, absoudre mon corps, ce chargement hanté de chair oui, plutôt que le dissoudre.
Absolution des organes, des nerfs, des faiblesses du sang. Absolution des quêtes irrésolues, des soifs, de la faim. Absolution comme à un niveau élevé de la conscience, lorsqu’on va jeter au Gange les immondices de l’âme. Absoudre, reconnaître ainsi la faiblesse qu’il y a à tenir si fortement à ces formes, à ces cheveux, à l’amplitude de ce rire, ce manque viscéral de détachement qui semble me narguer.
J’en viens à croire que chaque particule de mon corps participe à l’élaboration de l’angoisse, de la crainte, que c’est cette cohésion, cet ensemble qui manifeste et crie son refus. Et je ressens son mouvement de foule, son flux de horde sauvage en révolte jusqu’à la nausée.
J’en viens à croire que chaque cellule de ma chair produit la substance de ma pensée, de ma folie, de ma joie… chacune subissant les répliques des séismes qu’elle a suppurés.