journal de l’aube 341
lundi 26 janvier 2015, par
Un jour écrire ne fera peut-être plus rien, aucun effet ? Limite que la pensée aura mise. Plus loin, il n’y aura plus de l’écrit mais des zones effondrées, et plus de trous que de terrain. Et dans les sursauts, quelques mots encore. Je tomberai dans un précipice silencieux, au « non » de quoi je penserai alors avoir atteint l’extrême usure de ce que je devais décortiquer, ma propre vie, mon regard ou je ne sais quoi. Et puis je tomberai donc… Ce serait une sorte d’aphasie acquise par épuisement. La perspective me fait peur tout en éveillant une idée de paix et de contemplation au prix lourd.
Ce sont les derniers mots du soir, juste avant la nuit.
Et ce matin je m’entends dire, « allons tisonner cette lueur, une flambée dans la vie encore » Alors n’est-ce pas ce mouvement de bielle, de pousser-tirer qui met en branle l’écrit et réanime l’encre ? Le journal. Le cahier qui se remplit, s’étire, les phrases en continu, reprises d’apnées suffocantes, et la pensée et la voix qu’il faut pousser, un sang plein de caillots qu’on enfonce dans le siphon. Voir disparaitre tout cela dans un endroit inconnu, indéfini, et observer médusée, avec une sorte de passion étrangère. Ecrire échappe et disparait, un flux dont les temps (l’étang, devrais-je dire ?) s’évadent hors du saisissement. Et puis juste me savoir addictive, dépendante : ce qui me fait revenir et qui me fascine, c’est d’être au guichet et de savoir le mystère, sans en connaître la moindre facette.
Messages
1. journal de l’aube 341, 26 janvier 2015, 05:59, par brigetoun
et c’est le meilleur moyen, sans doute, pour que le désir d’écrire persiste
2. journal de l’aube 341, 26 janvier 2015, 06:57, par claudine Mangen-Sales
beau texte, ça valait certainement la peine de souffrir
3. journal de l’aube 341, 26 janvier 2015, 09:57, par Dominique Hasselmann
Un monde sans écrire - sans le décrire.
Un monde sans écriture - sans fracture.
Un monde sans mots - sans écho.