journal de l’aube 344
jeudi 29 janvier 2015, par
Ce besoin,- flagrant délit de l’équilibre instable- ce besoin d’appartenir. Il me faut un lieu, une terre. Pourtant je me sens île flottante, un tas de neige sur une touffe de chrysanthèmes. La terre est un vase précieux dont on ne peut faire aucun usage que le regarder et l’admirer. Appartenir à un vase, comme une fleur
coupée tient belle et droite dans sa tombe. Appartenir pourtant farfadet et flamme qui s’affole sur un puits, un ventre de gaz
Et puis cet autre humain qui serait l’ancre, le piton, l’appui. Me sentir pesante, encordée à la varappe de moi-même, accrochée ainsi à un autre solide ? Tout est dans ce point d’interrogation qui visse l’air et semble s’y tenir et s’y fixer… Puis-je appartenir ? N’être donc existante que par le fait que quelqu’un me retient, sinon la chute inévitable ?- je ne sais toujours pas voler.-
Je sais bien que personne ne doit appartenir et pourtant, ne serait-ce que quelques jours mettre ma vie aux crochets, m’alléger.
Appartenir. La réflexion me conduit au miroir. Ne m’appartiens pas plus. Je glisse sur le lisse, l’apparence. Je suis une ombre de lumière, impossible à atteindre et retenir. Reste cette appartenance presque servile, presque sublime libre, cette appartenance à des cahiers noirs, lignés sur lesquels je me rejoins, parfois, peut-être, sans doute.
Messages
1. journal de l’aube 344, 29 janvier 2015, 06:12, par brigetoun
le soulagement d’avoir une ancre
1. journal de l’aube 344, 29 janvier 2015, 06:34, par Anna Jouy
oui en effet
2. journal de l’aube 344, 29 janvier 2015, 07:27, par Dominique Hasselmann
Rester "antre soi" ?
3. journal de l’aube 344, 29 janvier 2015, 08:49, par pascale
Sans entre - soi ni antre - soi, dans l’inconfort total, le seul qui parle vrai en sachant exactement où jeter l’encre comme une toile de Bram van velde... merci à vous.
4. journal de l’aube 344, 29 janvier 2015, 21:41, par cjeanney
"encordée à la varappe de moi-même"
c’est incroyablement juste et tout autant magnifique comme formulation
une image que je garde (vraiment une image, c’est si visuel)
(être lié, en vertige, au-dessus d’une hauteur terrible, tenu à soi, si maigrement tenu)
Merci Anna
1. journal de l’aube 344, 30 janvier 2015, 05:02, par Anna Jouy
cadeau de la montagne à la mer.. ;-))