barque pleine
jeudi 30 juillet 2015, par
Ils sont si serrés, on ne bouge pas. Il faut s’en tenir à l’équilibre précaire de l’embarcation. Le moindre mouvement de l’un ou de l’autre fait tout tanguer ; seul le pesant unanime de tous les gardera encore pour quelque temps debout. Chacun fixe déjà l’eau de sa pensée, sa prochaine noyade. Ils s’y habituent, ils tentent d’apprivoiser l’élément. Les yeux vitreux et de longues apnées entre tous. Lui est presque au centre du bateau. Tout autour, les mailles humaines, les remparts d’os et d’odeurs. Il se noie dans la puanteur. Il ne voit pas la mer. Mais elle est là. Elle a une autre forme, une forme de muscles flapis, de liquettes suantes, d’yeux hagards. Elle est pire que l’eau encore.
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