Je veux écrire de profil. Ne montrer qu’un œil, un coin de bouche. Je ne veux plus qu’entendre à moitié, arborer l’aigu de mon visage, sa plaine rase et l’éperon des avant-gardes. Je ne veux montrer que la face chasseur, la face de l’arpenteur. Je ne veux entrer dans ce monde que du flanc, dans la page mince du couteau. Devant moi tout reste à fendre. Je veux écrire sur le côté, dans les dimensions extra-plates du moi, au fil du rasoir, à la ligne verticale. Pénétrer le domaine d’un zéro et franchir les orgues interstitielles, comme une lézarde dans une urne. Je veux glisser feuillet amidonné, empesé de menteries, durcie, rétamée, les eaux perdues depuis longtemps, drainée. Je veux présenter la lamelle du pas, découpe fignolée à l’entame. Son bruit suffirait presque, sa transparence en déport, tenez-moi ça, je passe… Écrire de profil sur des mappemondes routières les bristols du voyage. Profil bas s’il vous plait, j’ai peur des palissades.