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écrire

samedi 3 octobre 2015, par Anna Jouy

Ces mots, qu’on a vu croître en nous, on en a pris parfois des soins infinis, de la douceur d’infirmerie après les brûlures. On les a coupés, sectionnés, redressés. Et puis c’était presque exactement ce qu’on voulait dire, peut-être parfois encore mieux, car une touche d’imprévu était venue par-dessus comme un oiseau sur la branche, un insecte nouveau, un vent décoiffant. On avait réfléchi, on avait pesé son âme comme à une balance d’humeurs et d’élans. Ces mots, qu’on savait pourtant devoir lacer nouer pour le départ, on n’allait pas les laisser nous quitter, on n’allait pas tout ça jeter en l’air et les glanes avec, sans espérance On voulait que des mains s’ouvrent, des paupières closes cessent de dormir loin de nous. On voulait que la vie qu’on avait transformée lentement comme on malaxe des bois, des marbres ou un peu de beurre ou de glaise molle, que tout ça soit moins dissolu que nos gestes au ciel. On voulait qu’on en accepte le temps, qu’on le reçoive au moins et que cet inutile que nous sommes tous bien sûr, dure une fraction d’univers, plus vif, plus éclatant. Il y avait ça dans chacun de ces mots qu’on a sucés lentement sous la langue et qu’on voulait restituer au boulier du grand monde. Le zéro, l’infini, le mystère avec. Une bille, une balle, un coup tiré en l’air.


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