Journal poétique / www.jouyanna.ch

dans la douleur/les prédateurs...

mercredi 25 novembre 2015, par Anna Jouy

C’est un article que j’écris dans la douleur. Douleur et libération aussi. L’espèce de tension gonflée comme une tumeur sous ma poitrine vient d’être percée. Les humeurs fuient, je me vide lentement comme d’une poche de pus. Je parle de cette chose qui pousse en vous quand l’âme est blessée, si blessée que la mort la guette. Inoculée d’une haine qui est comme l’anti-vie absolue. Vous vous détestez, vous ne savez comment vous débarrasser de la honte de vous, de la petitesse de vous, des miasmes qui vous squattent.

Quelqu’un est venu chez moi, il y a déjà un certain temps. Il y est resté, interrogeant sans cesse ma capacité d’accueil, de générosité, de service. Questionnant mon état de poète, d’humanité et d’engagement. Mettant le doigt sur chaque faille, à chaque divergence de vue ou d’intérêt pour me faire douter de qui j’étais et de ma propre nature. Accaparant temps et argent afin que son intelligence soit magnifiée, ses désirs soient inconditionnellement exaucés. Avec des séances hypnotiques de discours et de remises au pas, d’une froideur glaçante. Combien de fois ainsi ai-je été une personne égarée, inadmissiblement égarée et qu’on allait remettre sur la seule bonne route...
La manipulation a bien marché. J’étais malléable de solitude, facile parce que pleine de doutes. Fragile. J’étais la victime, l’idéale victime. J’avais le profil parfait. La femme d’un âge en rapport, d’une aisance en rapport, d’un esprit en rapport, et d’un compte en banque aux bons rapports. Il est venu avec des mots de miel. Dans lesquels il se noyait lui-même sans doute car la bête en apnée surgissait, de façon imprévisible, régulièrement pour prendre l’air, l’agression, le mépris, l’insulte baveuse émergeant soudain comme si sa nature profonde étouffait sous le parfait chrétien qu’il avait choisi de paraître. Il a coupé tous les liens, ceux entre moi et moi-même, ceux qui me liaient à mon histoire (ceux-ci étrangement lui étaient insupportables et j’ai vécu des scènes atroces quand il était confronté à cette dernière) ceux qui me pontaient à l’amour véritable.

Quand la porte a claqué (quelles forces célestes m’ont aidée ?) je n’étais plus qu’un désastre, un désastre en lutte. Mais véritablement la peau, le sang et les idées, le silence même, étaient contaminés. J’étais la dé-faite.

J’ai vécu cela. Ce ne fut pas une longue expérience non, pourtant interminable, elle me hante encore et sa traîne morbide me colle aux épaules. Partout et depuis, je me déplace avec cette ombre sur moi, celle d’avoir laissé faire, celle de songer qu’il avait peut-être raison de me trouver si minable, si mauvaise, si peu écrivain aussi et rien du poète.

Cet article je le poste car une autre m’a ouvert les yeux, une sœur en douleurs, victime du même manipulateur. Ainsi ce que je ressens est vrai, plus encore que je ne le songeais possible...mais je m’en doutais en fait.
Cet homme existe. Vous le lisez peut-être. C’est un malfaisant. Mes sœurs mes sœurs....ne vous laissez pas investir par l’inconnu qui passe, a des choses à "partager" si fraternellement avec vous et soudain vous aime. C’est aussi le danger de twitter que de vous mettre en communication si facilement, de vous permettre d’être lisible, de faire de vous un portrait qui devient une fiche signalétique exemplaire pour des prédateurs de son espèce.

Je ne dirai pas son nom publiquement même si ce serait une bonne chose que de le dévoiler. Pour toutes ses futures victimes, pour ceux et celles d’entre nous qui le cautionnent ignorant qui il est et ce qu’il cherche... hélas. J’aimerais bien savoir ce que vous feriez, d’ailleurs. ça me parait si inconcevable de jouer les "Dame Justice" et si intolérable pourtant que de le laisser faire à sa guise.

Avez-vous lu L’amour et les forêts...de Eric Reinhardt. Lisez-le, c’est le portrait d’une femme au prises avec le pervers.

< >

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.