Journal poétique / www.jouyanna.ch

transmutations

jeudi 31 mars 2016, par Anna Jouy

Peut-être. Se rendre à l’évidence qu’on ne comprend pas. Que ce sont portes closes, l’esprit refuse ses entrées. Trop d’idées, trop d’indéterminations. Le cerveau est rempli de pousses, de nerfs d’herbe. Il prolifère et se dévore lui-même. Comme un champ de pissenlits, il n’y a plus qu’une obsession jaune de pensées maigres. Écrire mais ne plus fleurir.
Peut-être. Croit-on qu’il ne faut rien dire ; peindre une palissade, épépiner la poussière. Se contenter d’un matin et du pain. Alors le pied glacé qui reprend la terre et fait éclore le corps. C’est bien ça qu’il est demandé de faire, le matin ; ces choses ordinaires pour lever la vie arrivent comme des gens en livrée, des infirmières, des chauffeurs, un jardinier, tous prénommés Irénée ou Parfait.
Peut-être. On espère passer inaperçue, presque soi-même, ou alors aussi, dans l’uniforme de soi-même. Être et supporter le lourd manteau dont on couvre sa nudité.
Peut-être exciser l’Aurore et se dire la nuit demeure, toujours, morne obscurité ; le jour pas plus ne mérite, ni un rire ni un exploit. Espérer une latence ou alors un énorme tremblement. Le territoire a mal comme un désert. La pluie aussi, dit-on, chante à l’aube comme un oiseau.


Jan van der Straet

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