journal de l’aube 628
mardi 13 septembre 2016, par
Avant, quand il faisait des nuits avec dossier, quand il faisait des nuits comme la vue, métisse de deux désirs, quand j’étais le creux des vagues, portante d’autres écumes, quand j’étais l’ostensoir sans étoile d’un vent si sombre.
Avant, quand j’étais autre, outre et antre, quand mes mains rompaient les heures comme le pain, qu’elles travaillaient sans se connaitre, toujours plus tendues, toujours plus proches.
Avant, quand j’étais à ma table comme un puits s’abreuvant de la pluie, à ma table comme une falaise, trouée jusqu’au feu.
Avant, quand j’étais prête, humaine donc sans existence, me croyant grise image au sol qui glisse, quand j’étais le territoire de l’éveil jouant des perles du boulier.
Quand ma mère, quand mon père, m’ont laissé l’éternelle solitude comme l’héritage qui prospère.
Avant, au moins, je n’étais personne, c’est-à-dire tout ce qu’on peut dire.
Messages
1. journal de l’aube 628, 13 septembre 2016, 07:13, par brigetoun
juste vous remercier d’être là
suivre (quitte à repasser quand ça dépasse mon temps disponible), admirer
et être bien incapable de commenter
2. journal de l’aube 628, 14 septembre 2016, 00:13, par Spyros
Avant...c’est un vaccin !
1. journal de l’aube 628, 14 septembre 2016, 03:02, par Anna Jouy
un vaccin anti quoi...?
il y a des périodes dans l’écriture qui sont plus arides, qui inquiètent et vous donnent le sentiment d’avoir perdu le fil ou d’être perdu pour elle.
avant... car cette voie-voix intérieure qui me semblait facile à entendre avant est recouverte du vacarme de ce temps.
un vaccin anti quoi...? ou simple constat qu’en écriture et poésie nous ne sommes que caisse de résonance et au service de ce qui veut se dire... soit personne
2. journal de l’aube 628, 14 septembre 2016, 07:17, par Anna Jouy
un poème ne peut être vraiment que s’il ne nous appartient pas... il exige paradoxalement que l’on soit authentique -pur- , pour faire entendre des choses qui ne sont pas "que" nous. il n’est pas que notre expression personnelle. et parfois simplement on est trop "infesté" de soucis ou de sa propre personne pour écrire la poésie.
3. journal de l’aube 628, 14 septembre 2016, 10:42, par Anna2B
laisser reposer à part le bruit du temps,l , fermer aussi longtemps que possible le rideau sur les appels obdédants d’une humanité de violence et de souffrance, couvrir soigneusement les remous intérieurs, laisser monter la quiétude, en confiance, alors reviendra la petite voix d’or.