Journal poétique / www.jouyanna.ch

journal de l’aube 96

vendredi 8 novembre 2013, par Anna Jouy

ce qu’il disait en dormant, lèvres charnues de quelque rêve emplissant la poche de chaque aube.
j’allais droit au tablier, fouiller dedans et trouver mûre une espèce rare, la preuve brute de son verger. je glissais entre mes doigts jusqu’à mes yeux une rivière.

ce sont des choses qu’on ne peut pas inventer, la grâce d’un peu de poésie qui rendait la lumière au pressoir. l’accueil d’un présent de colombe de magicien transfigurée un instant en surprise, en éphémère blanc sorti d’un noir de chapeau claque. ah ! ce don de l’aube, quelques mots une image, l’apparition parfaite des dieux de la révolution de la Terre.
j’étais un Sisyphe heureux, boulant la Nuit jusqu’à l’orée. ce sentiment de faire la chose utile qui était non pas de chasser définitivement l’obscurité mais de faire venir tout aussi bien le jour.
j’avais la conscience de l’Aube, c’était suffisant, l’apparition d’un "présent" dans la brèche, un mot, une image, un poème auquel répondre
dès lors pour cette étincelle de briquet il valait la peine : pour l’émerveillement du briquet.
maintenant le jour est si électrique ; on dirait un bar ouvert sur l’éternité

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