Je sens trembler sous le pelage du chat le braille du plaisir
J’ai sous la main le stylet silencieux de son message
Je vibre d’une onde minuscule mêlant ma corde aux laisses des bêtes
Prisonnière domestique et puis neuf tambour de l’autre côté des peaux
Je poursuis,
plus loin
Je ronronne des ronds d’univers
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journal de l’aube 132
17 décembre 2013
picots sur la peau sèche. les gouttes de sueur me dévorent de leurs petites dents de mouche. picorée d'humide, le long des bras, des mains, du dos. l'effort de réveiller mes territoires de chair à coups d'agrès payé en écot de morsures. me tiens devant le matin, dans une sorte de pagne chaud d'une laine vorace, dévorée d'un urticaire inexplicable, comme si ma propre transpiration corrodait ma peau, bras, membres entiers. contact de feu (...) -
journal de l’aube 131
16 décembre 2013
rêveur du point sur le côté, du point qui court, du point c'est tout si tu parlais si tu ouvrais le mystère du songe qui déclame, ouvrais les mâchoires des broyeuses du rien le crissement de dents mastiquant le discours des fantômes si tu laissais buée écrire si tu laissais nuée soupire si tu laissais nuitée expire rêveur du caillou blanc, frondeur de satellites, passeur des obscures passes du monocle déesse, des mites lumineuses si tu parlais (...) -
journal de l’aube 130
15 décembre 2013
une mesure de souffrance, farine de l'esprit blanc et sec. une mesure jetée à la louche dans la coupe. ras bord où je vois jusqu'à l'étouffement, l'opaque monde dans lequel se pétrit mon pain. une mesure qu'il faut tenir, à la ligne près, double mètre bien déployé. réglage du matin. me dire je suis à ma jauge. rien d'autre que cette souffrance morbide, que ces mortiers de quotidien qu'un peu de salive gâche et prépare. ciment de blés (...) -
journal de l’aube 129
13 décembre 2013
la nuit est plus pesante je ne dors ni plus ni pesante mots où se parquent les angoisses tranquilles des débris de l'esprit comme on étrille le sommeil à revers de prairie terrain propice à des vacations de désir et qui s'agace de ce redressement létal m'accrocher à des gingembres à des confits d'azur grimper l'espace d'un seul oiseau grimper dans les souples houppelandes de la brume marcher sur l'eau, trampoline blanc des gymnastes (...) -
journal de l’aube 128
12 décembre 2013
je cherche à force un autre mot pour aube. j'hésite entre éveil et starting block, entre départ et arrachement. et souvent c'est le terme de roue qui me vient, pour cette impression de mouvement autour du moyeu moi, et de supplice aussi, pour cette impression que font certains anneaux de feux d'artifices qui se mettent à tourner fort et flammes partout. que de contradictoires sentiments, ramassis de choses et de sens. il aurait fallu (...) -
journal sous l’aube 127
11 décembre 2013
toutes ces absences qui reviennent par troupeaux, sous ma mémoire, sous la porte cochère de mes pensées, ces charrois qui attendent là que s'ouvre l'hôtel particulier de mes chagrins... ils ont cette particularité d'être plus solides que montagne, plus aériens aussi que hier ou demain, les matières romanesques essentielles. il faut sans cesse les réinventer, les reprendre, les remettre d'aplomb. et par saison, ils arrivent ainsi comme un (...) -
journal de l’aube 126
10 décembre 2013
et puis, quand ces choses que nous faisons comme des mécaniques, les mêmes emboîtements, les mêmes abouchements de pas de vis, de couvercles sertis, quand ces choses d'usine sortent de nous, régulières si régulières, qu'elles font jaugent à notre Temps...et qu'on est ensuite presque certains que toute notre existence se tient dans la chaîne de montage. après la 4863279...ème bouteille de votre soif, il y a eu un tremblement définitif ; la (...) -
journal de l’aube125
9 décembre 2013
ce sont des nuits où l'on ne cesse de ramper dans son corps, d'y aller aux recoins, aux plis, à chaque charnière, faire le tour du propriétaire arpenter son propre éphémère, la cellule foisonnante, l'organe galactique. ramper parmi sa chair avec le souvenir d'un contenant magnifique, d'un autre dont la forme moulait presque la sienne, au filet presque, tant il avait de vertus souples, d'exploits d'adhérence. on appelle ça aimant .. et son (...) -
journal de l’aube 124
8 décembre 2013
jour blanc, Vierge des esprits, sale de ton agression. un souvenir, ce n'est que de l'ombre imposée sur la glace et s'élancer dans un triple lutz, prendre de la vitesse, par surprise, n'empêche rien, même pas la fraction de seconde l'oubli. je glisse, lame contre frigidité et sur la banquise ordinaire les dessins de ce moi écrivant font cartouches... revenir si souvent sur ses figures parce ce qu'on espère détacher un morceau du Pôle (...) -
journal de l’aube 123
7 décembre 2013
il n'y a que la mort pour nous trouver au point exact de notre respiration. le reste est un chemin qui se dérobe, qui ne cesse de creuser devant lui l'espace cosmogonique, impossible à franchir. tant de gens qui me regardent, qui imaginent être assis dans le fauteuil rouge de la chambre du secret ; le tableau, la femme nue...mais rien n'arrive vraiment à donner vie à cette chair d'huile et de térébenthine, encore prisonnière de la toile. (...)