rêves-traduction de la nuit
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Il n’y a pas d’eau dans ma bouche Orage...
12 juillet 2020
Il n’y a pas d’eau dans ma bouche
Orage impuissant
La sève de l’arbre est aux oiseaux de sable
Les clés du nuage verrouillent ma salive
Je parle sec
Je parle court
Faire le lit d’une rivière, tirer le drap
Couvrir son rêve d’un ciel bas
Ma vie est trop brève pour la sécheresse
La plage des cotons blanchit ma fenêtre
Parfois le matin
Je reviens des terrains salés de la nuit
Des mines de gemmes où je prospecte
J'espère diluer l’avenir
Mais tout (...)
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Mon corps fait des histoires. Il rechigne en...
21 juin 2020
Mon corps fait des histoires. Il rechigne en couleurs
Bleu sur le cœur et ce jaune d'un œil épais. Il ronge le jour avec des ivoires affamés, dévoration des restes du récit.
Il se souvient, recueil de cicatrices.
Le rouge avait son lac, des alevins de gosses à noyer à la lune,
les oranges cuisses du tango,
la cendre sous les cils aux lendemains du feu.
Mais cette carte de veines des bonheurs encore verts, toujours sur la main
Sans delta (...)
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Et cette question pathétique de ne pas...
1er juin 2020
Et cette question pathétique de ne pas exister. Je serais une tige dans un champ, une molécule dans un corps, une miette brisée du néant parfait,
Je serais ces mots tige, molécule miette, rien de ce qu’ils signifient et tout de ce qu’ils essayent de signifier... je n’existerais pas. repos, en suspension
Ou peut-être, au si mystérieux de la vie, une vibration poussant un son inaudible au plus loin du (...)
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Pas de musique ce matin, pas de bols siffleurs,
30 mai 2020
Pas de musique ce matin, pas de bols siffleurs, pas d’oiseaux. Une meule râpe l’espace, on polit la pierre, on use. Ce bruit d’une érosion ponce ma propre chair, extraction de l’informe. J’émerge du caillou brut que je suis au lever. Ma tête, mon buste, mes membres, j’existe. J’affleure à la pointe des nerfs. Naissance à l’urticaire. Puis le calme revient et je m’effondre dans le silence...on a tiré la (...)
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C’est le toujours intact rendez-vous de la...
21 mai 2020
C’est toujours l'intact rendez-vous de la plume et du masque, celui à prendre à la fin du rêve. Le masque de jour, d’une lumière qui détourne les corps de leur intérieur. Je me confonds, je me cache. Personne ne doit voir, si ce n’est le feu.
Mais parfois, de brefs instants me couvrent d’ombre et l’on me voit telle qu’en mes songes. Je me tais, le silence cette obscurité de la voix. Et parmi le fracas sonore, j’édifie le (...)
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C’est bon de parler dans l’absence Les mots ne...
9 mai 2020
C’est bon de parler dans l’absence
Les mots ne frappent plus
Ils pénètrent longuement le silence
Sans retour
Alors je comprends qu’ils iront encore et encore
Devenus silence à leur tour
Alors je comprends que s’ils me revenaient, tels quels
Ce serait pour le mirage d’être
Alors je comprends que le silence n’est que l’immense lointain de mots inouïs
Ce là-bas où je me jette (...)
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ma main tient en elle un ruban l’attache...
20 février 2020
ma main tient en elle un ruban
l’attache volante d’une femme à son ciel
ficelle de ballon
quand la petite fille avait des souliers neufs
quelqu’un pensait alors qu’il fallait célébrer la route vernie en la nouant à des baudruches de couleurs
ma main n’oublie pas ce fil grimpant
le serpent du fakir
un soleil rouge ou jaune ou blanc…
je suis désormais mon propre nuage
entre mes doigts, un lacet perdu
retenant (...)
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Je n’ai sur mes genoux que la pelure démise des...
6 février 2020
Je n’ai sur mes genoux que la pelure démise des bêtes, une étoffe d’espaces et de fétus, chaleur disjointe.
Je porte ces runes dont je ne connais qu’un seul sens, mon âme à poil, comme on traîne sa fatigue, son sommeil et son rêve.
Il y avait du cristal dans ma nuit et des caravanes armées. Et ce fleuve mortel engloutissant les chemins
Là-bas je respirais une odeur de pierres, de gravières mouillées, la lutte. Je voulais chanter et briser les (...)
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Ça vient par la rivière, la neige des gens. Et...
18 janvier 2020
Ça vient par la rivière, la neige des gens.
Et puis cette feuille qui coule et se rend à la mer,
Longue épreuve d’une eau qui n’a que les saisons pour avancer
J’ai jeté tout là-haut, le parchemin d’un hêtre, lesté d’une idée d’amour
Je l’ai regardé.
Un océan de bois.
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Je voulais coudre et découdre les bobines....
5 janvier 2020
Je voulais coudre et découdre les bobines. Réinventer le film.
Je ne savais pas que ça pouvait se nommer écrire.
J’ai toujours vu les poèmes. Faits pour les yeux nyctalopes
La caméra déroule l’album des mots
Et j’enlace entre eux des segments de ciel et de colle
Décor nouveau, la vie d’une monteuse d’images