rêves-traduction de la nuit
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boîtes
22 mars 2014
dans la boîte
mille feuilles de mémoire, le bréviaire des jours. piliers d'agenda, les gratte-ciel se mêlent les pinceaux avec des gratte-papier. la forêt se dénude et plus le temps passe, plus surgit ce relief de veines et de sèves ; pages à terre l'écritoire en chute de ciel. l'éphéméride s'amincit, l'existence bientôt sans substance d'un côté et ces monceaux de faits, de gestes, de caillots d'encre sur des buvards sans importance de l'autre. (...)
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souvenir de gare
16 mars 2014
Hall hérissé. Pleine gare de pilotis. Les humains suivent leurs transhumances de fers, Chaque jour, déversement de ces mikados qui se rangent par catégories dans leurs longues boîtes en métal fuselé.
Hall empli de résonnance, les angoisses vrillent jusqu’aux verrières. Elle lève la tête. Là-haut chaque fois, son cœur monte, gonflé d’un hélium expansif. Il tape au plafond. Dès le grand porche franchi, dès le premier pas dans le terrarium lumineux (...)
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navigation
14 mars 2014
Marin d’intérieur, débute avec moi un dialogue lagunaire. Limons, lœss au fil des flux mêle-langues. J’habite un continent factice, chaque montagne fut mer de l’intranquillité, alors je me souviens...
J’ai trempé mes pouces dans des archipels de sable, tenu ainsi l’éternité comme un vieux coquillage à l’oreille. Tu sais que Dieu souffle toujours l’identique psaume de l’eau ? Navigue marin, fais –moi des boussoles avec tes cravates et tes chemises (...)
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skype
11 mars 2014
branchement. je viens de trouver la fiche. deux pines électriques à enfoncer dans le black out. branchement. contact. l'épaisseur du silence gonfle lentement. comme un pudding. il lève se reconstitue. particules en sueurs. travail de couvaison à l'abri des coups de froid, du frisson exogène.
j'écoute ce levain au labeur. une sorte de ronflement inespéré. le fond du ciel respire peut-être par mes tuyaux. il y a de l'air au bout du tube (...)
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train
8 mars 2014
Ferme les yeux. Train qui tire, qui reprend, qui balance et me déporte avec des reprises et de nouvelles lancées avec lesquelles je fais corps. Tout passe et se déplace ainsi, des jambes, du bassin amenant le buste à des adaptations langoureuses. Cette danse des passagers chevauchant le voyage. Chaque roulement, glissade, reprise et pas un seul mouvement qui ne se termine pas ainsi, sous les yeux.
Déportation inscrite dans le fondement (...)
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voyage 2
7 mars 2014
… Quoi donc la solitude ? Cet homme solitaire – ce grand café-personne – le plus grand calme. L’état parfait de résonnance que l’endroit répercute jusqu’au plafond. Profondeur de l’écho : chaque cliquetis de cuillère, chaque bruit n’est pas le fruit d’une présence, de quiconque mais celui du vide sidéral des lieux, société.
(Entre temps le bougre mec solo abandonné a vu débarquer sa vieille copine)
Pourquoi ? Comment .. La question de l’état (...)
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mahler
24 février 2014
Je ferme les yeux, profil tendu. Ecouter Mahler demande à regarder le ciel droit devant. Toujours parmi des montagnes noires ou des hordes, des chevaux, des armures. Noirs orages.
Mahler arrive, avec sa lutte indéfinissable.
Je subis. Sublime violence emportée parmi les éléments jusqu’à en devenir cosmique. Passion d’encres sans pitié. le poison est à fleur de mon âme, de mon corps. Cela tatoue profondément, palpitations incrustées entre (...)
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après un rêve
23 février 2014
père
Je ne sais plus pourquoi je t’aimais. Comment aujourd’hui le savoir…tu n’es plus, pour me rappeler à nous. Je me dis que bien sûr oui j’ai dû être dans cette admiration étonnée qu’ont les petites filles et puis tu as vieilli sans que je n’aie jamais eu l’impression de grandir. Tu as pris pied dans une autre histoire dans laquelle personne ne pouvait plus t’atteindre. Et moi, non plus.
La maison est comme une cour de gravier. Là -dedans (...)
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face au tableau
21 février 2014
...Débuter un dialogue sans lumière. Pas de spots, pas de faisceaux dans l’inextricable distance ! On peint des choses noires, des murs, des idées. Parfois un tombeau ou un œil passent. Je me réfugie dans un coin du tableau. Je gribouille, je prends mes mots, je les tords et tente une réponse échotique à ces exploits sans fin renouvelés de choses qui se fracassent les unes contre les autres. Mots contre pâtes, contre truelles, contre moi. Et (...)
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un jour comme un autre
19 février 2014
il y a toujours de ces jours où, en plein hiver, on sort le printemps pour voir de quoi il aura l'air. alors le ciel est bleu, une lumière pure et neuve...on se sent du parti de la vie, propagande réussie. on vote pour, on est d'accord. la verdure, les fleurs dans le tapis de mousse, le grand bazar des hormones tous terrains.
il fait un jour comme ça. je sais que demain ce sera neige par tombereaux mais maintenant un azur tranquille, (...)