rêves-traduction de la nuit
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clavier
27 novembre 2013
aphonique lumière. le ciel chante en marge. je suis à l'intérieur, dans la poignée de notes d'une toux blanche.
soin de l'écrit, malade de l'écrit.
embaumée de cachous et de vanilles bourbon. "médiquée", disent-ils quand ils ont fort à faire avec ma folie.
comment soigner le mal de dire quand il faut user du convertisseur clavier ? une colère sourde peut-elle s'essaimer de touche en touche, du bout des doigts alors qu'entre les mains, ce (...)
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départ
20 novembre 2013
j'ai mis mon havane de fumée
auréole hâve pour le voyage
mes menottes en peau de caille
sur la valise fossile
pris mon parapluie
pour faire des longueurs dans le brumisateur céleste
il va pleuvoir des clous de nuages
à l'imposte des vacances
je ferai une photo
l'inhérence bleue des choses
comme des hématomes en kodachrome
et invaginé comme un oiseau sage
l'envol durci
calcaire toujours
on est quitte comme un quai de gare (...)
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beau soir
17 novembre 2013
beau soir
on se couche
les mines éparses à ciel ouvert
strates de plume et strates de carbone
ça fait un mille feuilles de rêves pour ne dire qu'un caillou
une gemme indécente qui tomberait de la lune
on se couche
mains gantées faut beaucoup de velours pour oser s'en aller
comme ça presque nus
dans les plis d'un autre
s'en faire jusqu'à sa mort
s'en remettre en corps
on se couche
souffles coupés d'une débattue d'hiver (...)
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défaire
16 novembre 2013
chaque instant se divise- mille sons mille frissons- des pétales de peau partout comme un banc de poissons suivant les courants d'air. de cet archet concentré à me dire l'exacte réalité des choses, la précision aux ciseaux, j'écoute l'épreuve martelée sous la presse. je me laisse dire faire défaire dénouer, comme un imbroglio de mots et de pensées sombres.
il faut dé-serrer l'écheveau des jours, désincruster ton nom de ma chair, là où il se (...)
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contact
14 novembre 2013
fiche à deux bras, établir le contact. ai lancé un caillou. si longtemps qu'il vole. on dirait qu'il a choisi de briser une vitre à l'autre bout du monde.
essayage
je pose sur ma nuit des doigts, des emprunts dans les penderies des voyageurs.
j'essaie leurs costumes mon image dans le miroir. j'estompe ma silhouette dans ces chemises et ces rideaux, les tailleurs impeccables de leur savoir bien vivre.
j'enfile leur existence un (...)
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j’ai un ciel très marin
12 novembre 2013
j'ai un ciel très marin, bleu. bleu à écouter, à respirer. j'écoute, je crois qu'il y a des embruns, un peu de sel à jeter par-dessus mon épaule.
mon corps sur le transat, du vent par-dedans qui dénoue les tensions.
je reprends mes divagations, le désir. un voyage, une liberté, une errance.
on m'a presque avoué édifier le vaste champ de l'eau pour que je longe un jour la plage.
la mer est une promenade qui rentre de l'infini.
je ne suis pas (...)
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Grâce
10 novembre 2013
je voudrais écrire sur la grâce, l'élégance fragile, la grâce qui est humaine, parfois, mais dans certains êtres toujours.
ceux qui portent sur eux le voile léger qui saisit et retient la lumière.
la grâce entre leurs yeux, leurs gestes toujours, que rien n'a jamais abruti.
de la sorte de cages ouvertes sur des oiseaux
c'est après elle que j'écris, que je tourne, que j'arpente. après cette grâce perdue, comme si j'avais été dénudée à (...)
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un manteau d’herbes
8 novembre 2013
Un manteau d’herbe
nous sommes-nous assis sous l’arbre à deviser dans une langue inventée pour la
circonstance ?
si proches de nos transparences dans les carreaux de nos chemises
nos mains faisant une cage pour des vents fluides secouant les champs ?
ô ce temps qui se prolonge des conditions âpres
avoir être
parmi les eaux de déveines en veines
tu sais que j’ouvre les yeux sous les pierres
puisqu’il y a du ciel à boire
souffle ! je (...)
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novembre
6 novembre 2013
pour un peu, un instant, une fraction
ces mots dits, tu es sur la barre des opérations
le temps partagé, sécables infinies
on va comme ça dans l'éternel avec des sensations de plus en plus minuscules
plus j'avance et plus mes parts deviennent des moitiés
ton amour est une faille de nous deux
un zéro d'histoires qui rendaient tout possible
l'étoilement des mathématiques du sentiment.
je ne cherche plus à comprendre : ce sont des problèmes (...)
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des cirons
5 novembre 2013
écrire une lettre ne sert à rien.
les mots sur la feuille, sur le clavier sont autant de processionnaires barbares qu'on ne veut pas toucher pour éviter un venin, une paralysie, le feu.
les phrases font des sillons dans le bois, des marques de dents sur la peau, des fils voguant sur un cordeau de nippes : le cœur de l'arbre ne bronche pas, la peau respire encore et le vent s'en bat des ciels.
une lettre c'est à peine vivant que c'est (...)